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Thème
- A quelques lieues de Paris, la marquise de Merteuil est mystérieusement convoquée par une missive lui enjoignant de se rendre dans un pavillon de chasse, où elle retrouvera une connaissance.
- Piquée de curiosité, elle s’y rend malgré la retraite du monde qu’elle s’est imposée depuis son départ pour les Pays-Bas. Là, sa mystérieuse hôtesse se dévoile à sa grande surprise. • S’ensuit un règlement de comptes à fleurets mouchetés, dont chaque parole laisse comme une cicatrice nouvelle sur la peau de l’ancienne prédatrice. Plus de plume assassine ici, mais une parole mordante, incisive pour un dénouement pour le moins surprenant.
Points forts
- L’originalité et la modernité du propos. Supposer une suite aux « Liaisons dangereuses » relève d’une certaine audace et d’un culot dont Marjorie Frantz relève avec brio le défi. Emprise, viol conjugal, consentement, abus mais aussi liberté d’aimer, droit de disposer de son corps, tels sont les thèmes et les enjeux qui déchirent les tentures immaculées qui enveloppent le décor.
- L’intelligence et la finesse de jeu de Chloé Berthier. Le traitement de son personnage (dont je vous laisse le secret de l’identité) est particulièrement intéressant, et en fait une préfiguration d’une femme libre aux dépends d’un siècle encore bien machiste – bien qu’il soit celui des Lumières.
- A quoi il convient d’ajouter l’immorale et vénéneuse présence de Marjorie Frantz. Bref, il flotte comme un parfum de romantisme violent, conjugué au tempérament tout empreint de l’esprit de Sade entre ces deux femmes que tout oppose, mais au dénominateur commun : Valmont.
Quelques réserves
Les références parfois redondantes à l’œuvre originale.
Encore un mot...
- On se délecte d’un phrasé qui jongle avec adresse avec un 18ème siècle vibrant aux accents du XIXème siècle, où tout est loin d’être réglé sur le sort des femmes, tant la question de leur place dans la société affleure tout au long du spectacle.
- Un boudoir comme chambre des supplices, voilà ce que vous réserve cette soirée chez Madame de…
Une phrase
MERTEUIL : « Que le vouliez ou non, nous sommes faites de chair et de sang... et d'envie. Pourtant quel est le destin promis à une femme de notre caste ? Grandir cloîtrée comme vous, puis être présentée au monde à la condition de restée modeste et silencieuse. Et vous me reprochez de vous avoir offert un chemin de traverse ? Notre projet est-il donc de broder toute notre vie ? Nous apprenons à broder au couvent, puis nous brodons près de la cheminée de notre mère sous l'œil concupiscent d'une société prête à jaser au moindre soupir. Nous brodons notre trousseau de dot puis celui de nos enfants chéris en attendant que nos maris rentrent de campagnes militaires ou amoureuses. Jusqu'à ce qu'enfin les rhumatismes nous libèrent de cette assommante activité et que nous regardions la génération suivante broder à son tour. Voilà à quoi l'homme nous réduit madame. Et heureusement que certains esprits libres tentent de briser ces conventions séculaires édictées par des hommes pour des filles, des épouses et des mères. »
CECILE : Je ne vous ai pas fait venir pour vous écouter me raconter vos soucis de broderie! »
L'auteur
- Comédienne et autrice, Marjorie Frantz a joué dans des mises en scène de Gérard Desarthe, Gérard Savoisien, Anne Saint-Mor ou Étienne Bierry.
- Elle a écrit plusieurs adaptations de romans ou de films pour le théâtre. Également très active dans le doublage, elle est la voix française de Hilary Swank, Catherine Zeta-Jones ou Toni Collette.
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