Meilleurs alliés
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Thème
Deux jours avant le débarquement en Normandie, Churchill informe (enfin) De Gaulle du projet des Alliés. Le Général est furieux d'avoir été écarté de l'opération la plus importante du conflit. La rencontre est tendue, le face-à-face orageux ! Churchill, par moments bienveillant et qui aime la France, ne manque cependant pas de rabaisser son interlocuteur, n'épargnant pas ses reproches, rappelant que la France n'a pas grands moyens... Tandis que De Gaulle, raide et vexé, clairvoyant, refusant de se soumettre aux ordres d'Eisenhower qu'il soupçonne de vouloir contrôler la France, toujours soucieux de la grandeur de son pays, fait face.
Tous deux incarnent l'ambition, le pouvoir, le grandiose. Deux autres personnages précisent le contexte historique: Pierre Viénot, ambassadeur de la France libre près du gouvernement britannique, et Anthony Eden, chef du Foreign Office, partisan de solutions diplomatiques.
Points forts
- Les trois ingrédients qui font une pièce excellente sont ici réunis : d'abord un texte brillant avec des répliques savoureuses, bien tournées, incessantes comme un tir nourri ; ensuite des acteurs incarnant parfaitement leurs personnages au point de leur ressembler physiquement, l'un rondouillard, truculent, cigare aux lèvres et whisky à la main ; l'autre, grand, presque hautain, sanglé dans son uniforme deux étoiles. Enfin une mise en scène, des décors, des costumes, bien pensés.
- Des bruitages et des images sur grand écran, contribuent à évoquer l'ambiance de cette veille de débarquement
- Ces deux "monstres" de l'Histoire ne sont pourtant pas épargnés par le doute, et même l'envie de tout laisser tomber tant le découragement ou la déprime les guette à chaque instant. Ce côté très humain les rend proches de nous malgré leur immense destin. Et l'on éprouve de la sympathie pour l'un comme pour l'autre.
- Ce sujet historique, grave au demeurant, n'empêche pas le public de s'amuser et de rire. Les fautes de français volontaires et l'accent de Churchill avec le refus de De Gaulle d'employer des anglicismes (ex. coquetaille au lieu de cocktail) émaillent de manière réjouissante ce dialogue piquant.
- Quelques moments d'évocation de vie personnelle ajoutent de l'émotion, en particulier De Gaulle téléphonant à sa fille Anne ou s'informant du prochain débarquement de son fils Philippe.
- Ajoutons que ce spectacle créé au Festival d'Avignon 2017 a rencontré un grand succès.
Quelques réserves
- Pierre Viénot aurait mérité d'être mieux traité ! On le dépeint comme un petit secrétaire d'ambassade. Or, sa carrière fut brillante et son courage de résistant incontestable. Il est vêtu d'un minable costume froissé tandis que le chef de la diplomatie britannique pavane dans un élégant trois pièces rayé ! C'est injuste...
- La différence d'âge (16 ans), de milieu (aristocratie-bourgeoisie), d'expérience et de parcours politique entre Churchill et De Gaulle aurait pu être davantage soulignée car elle explique en partie la condescendance du Premier Ministre britannique sur le tout récent général de l'armée française.
Encore un mot...
Cette joute oratoire, si intelligente et pleine de rebondissements, offre à tous, un moment inoubliable mais aussi, pour les Collégiens, un vrai cours d'Histoire dont ils devraient, eux aussi, se régaler.
Une phrase
- Churchill : "Mais qu'est-ce que la France ? Vous n'avez rien comme d'habitude ! Avez-vous oublié qui vous a fait, qui vous a tout procuré le 17 juin 40 ? Vous n'êtes pas grand chose sans l'Angleterre et son Premier Ministre !"
- De Gaulle : "Les Anglais nous mènent en bateau ; Roosevelt ne pense qu'à m'écarter, il m'a collé Giraud dans les pattes..."
L'auteur
Hervé Bentégeat a été journaliste, grand reporter, rédacteur en chef adjoint au Figaro (de 1997 à 2007). Il est l'auteur d'essais politiques dont "le Roman de la gauche" (éd. du Rocher, 2012) et "La Fuite à Baden", consacré au moment où, en 1968, le Général De Gaulle s'était éclipsé à Baden. On lui doit aussi "Ho, l'enfant Dragon", "La Transsibérienne" et "Voyages d'écrivains". "Meilleurs alliés" est sa première pièce.
Commentaires
Peut être le metteur en scène ã t il redouté l'ennui de spectateurs que l'histoire n'aurait pas éclairés. D'où sans doute le parti pris de l'humour,parfois caricatural.
Le texte est excellent,la pièce remarquablement écrite et les acteurs parfaits. L'accompagne
J'aurai pu imaginer garder tout cela et en faire une " dramatique" car la période l'était. Un autre parti pris qui mériterait d'être tenté.
JE VIENS DE DÉCOUVRIR LA PIÈCE PROGRAMMÉE À LA TÉLÉ À UNE HEURE DÉCENTE.... UN VRAI RÉGAL HISTORIQUE ET THÉÂTRAL.... MERCI À L AUTEUR AUX ACTEURS ET À PUBLIC SÉNAT.
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