Mademoiselle C.
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Thème
C’est le récit de la vie de Camille Claudel, depuis ses débuts de sculpteur en province dans sa famille bourgeoise, soutenue par son père, et entourée par son frère Paul. Elle vient à Paris avec sa famille et s’installe dans son atelier. Les femmes ne sont pas admises aux Beaux-Arts: elle entre dans une école d’art privée, puis rencontre Alfred Boucher et Rodin, qui la fascine. Elle est d‘abord son élève, puis sa maîtresse. Leurs relations sont houleuses: elle veut affirmer son talent et son indépendance, Rodin tantôt l’accepte et tantôt la rejette. Elle se désespère alors et commence à imaginer que Rodin veut lui voler ses oeuvres. Son père meurt, sa mère et son frère Paul s’allient pour la faire enfermer et elle passe ainsi les trente dernières années de sa vie dans un hôpital psychiatrique.
Points forts
1) Le texte est remarquable: il montre l’évolution progressive de Camille, de ses débuts pleins d’espoir à l’éclosion de son talent et sa rencontre avec Rodin, l’amour qui devient destructeur, la lente glissade vers une sorte de folie jusqu’à l’horrible fin dans l’asile psychiatrique, auquel la livrent sa mère et son frère.
2) L’actrice Maude Sambuis, interprète ce rôle écrit par elle et pour elle, avec une incroyable sensibilité. Elle traduit l’esprit d’une femme artiste, indépendante, qui connaît des hauts et des bas: le spectateur espère et souffre avec elle.
3) Le ton avec ses variations, les vêtements qu’elle porte accompagnent son évolution sans jamais provoquer l’ennui.
4) La mise en scène est très réussie: simpliste sur le devant de la scène, avec une table, une colonne, des chaises et un rideau blanc pour figurer l’atelier, et en arrière-plan des photos qui illustrent parfois une oeuvre, souvent un mur de pierre et à la fin l’asile qui l’enferme.
5) Les voix off apportent une facette complémentaire: c’est tantôt Rodin, tantôt le narrateur qui parle, en alternance avec des phrases qui s’affichent sur l’écran.
Quelques réserves
Je vois bien peu de points faibles dans cette création originale magistralement jouée. Si on compare cette pièce au film interprété par Isabelle Adjani et Gérard Depardieu, on peut remarquer que la folie est beaucoup moins présente dans la pièce; elle est au moins plus discrète. Mais on devine ce qui se cache derrière les obsessions du vol de ses oeuvres.
Encore un mot...
C’est une pièce émouvante, attachante, qui montre la difficulté d’être une femme artiste à la fin du XIXème siècle et au début du XXème. L’intérêt est aussi bien historique que sociologique et psychologique.
Une phrase
« Il y a deux moyens de supprimer quelqu’un: l’assassinat et l’asile."
L'auteur
Maude Sambuis est à la fois l’auteur et l’actrice. Elle s’est inspirée du film « Camille Claudel » de Bruno Nuytten (1988), avec Isabelle Adjani et Gérard Depardieu, et également de correspondances, de biographies, de romans, des poèmes… elle a rencontré des sculpteurs, elle s‘est initiée au modelage, elle a contemplé les oeuvres de Camille au musée Rodin et au musée d’Orsay, elle a visité l’hôpital psychiatrique de Montfavet… "tout cela pour mieux la « dessiner » avec ses mots."
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