
Fête des mères
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Thème
Louise a renoncé aux maths pour faire du stand up, mais le contenu de ses spectacles l’a brouillée avec sa mère. Elle est conviée pour la première fois depuis trois ans à se joindre aux festivités organisées dans la maison familiale du Perche pour la fête des mères, qui coïncide avec l’anniversaire de la mère de famille.
Ses deux frères, Gabriel et Ziggy, l’accueillent, comme la fille indigne qu’elle est, et leurs échanges sont immédiatement acerbes et colorés par la rivalité pouvant habiter des fratries soumises à une mère moins que parfaite, mais tutélaire.
Gabriel, qui voue un culte aveugle à sa mère, ne jure que par la psychanalyse et « ferme la fin de ses phrases » pour avoir le mot de la fin, est accompagné du joyeux Arthur qu’il rabroue volontiers. A 25 ans, Ziggy n’a aucune autonomie et joue le petit dernier instable aux amours tumultueuses, dont le dernier épisode est Florence, une bavarde enjouée aimant boire et s’amuser.
Tous attendent la mère, Violaine.
Points forts
C’est brillant, très bien écrit, mis en scène et interprété, d’une cruauté à la fois caricaturale et familière. Les membres de cette famille déréglée – mais au fond guère plus que toutes les familles – servent une charge grinçante et hilarante, en usant de tous les genres du comique : des jeux de mots au burlesque de situation le plus trivial en passant par les allusions porno ou scato, tous les motifs de rire de la pathologie familiale sont là.
Incarnés par des comédiens parfaitement dirigés, les personnages sont des types certes nettement caractérisés mais crédibles, mettant finement en relief tout ce qui grippe fatalement les rouages familiaux et la manière dont s’épanouissent les névroses autour et à cause de la figure maternelle.
La déconstruction/ construction de cette histoire familiale donne à voir non les raisons mais les manières pour ne pas communiquer.
Quelques réserves
- On navigue entre de multiples références, plus ou moins implicites pour la plupart : Woody Allen, Le Père Noël est une ordure, le "Splendid", les films d'Agnès Jaoui et de Jean-Pierre Bacri, ce qui peut plaire ou pas.
Encore un mot...
Les fratries sont composées - peut-être plus encore que d’autres groupes humains - de gens qui se parlent sans s’écouter, ne comprennent pas ce qu’ils se disent, peut-être parce qu’eux-mêmes ne comprennent pas ce qu’ils disent, mais qui pourtant se comprennent parfois quand même, et sans se parler !
Ils ont la même mère, adorable au sens plein du terme, ou vénéneuse, et donc différente pour chacun d’entre eux. Ce thème classique et éminemment théâtral est ici traité sur le mode d’une tragi-comédie qui pétille comme un bon Champagne.
Une phrase
Gabriel [à Arthur] : « On n’est pas là pour rigoler, c’est l’anniversaire de ma mère.[…] Dans le frigo tout est périmé, à part peut-être le roquefort.
- Arthur : C’est pas du roquefort, c’est du comté. »Louise à Gabriel : « Ta mère a une sexualité.
- Gabriel : Non. »
L'auteur
Adèle Royné qui, inspirée par Greys anatomy, voulait être chirurgienne, a été élève dans la classe libre du cours Florent, dont elle est sortie en 2017.
Après avoir écrit et interprété deux seuls-en-scène - L’avis d’Adèle et Forget Me Not - elle retrouve la petite bande du Cours Florent, avec qui elle écrit et monte ce réjouissant spectacle, présenté dans le Off d’Avignon l’été dernier.
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