MACBETH (THE NOTES)
Ecriture et adaptation Dan Jemmett et Davide Ayala
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Thème
A une semaine de la Première et alors qu’il répète déjà depuis trois mois « Macbeth », un metteur en scène armé de son cahier de notes entreprend de communiquer à ses comédiens et techniciens ses points de satisfaction et d’insatisfaction. Une caresse (de principe), une claque. Une claque, une caresse (de réconfort) — chacun a son paquet, de Stéphanie (Lady Macbeth qui s’évanouit « comme si elle jouait dans Blade Runner »), à Fred (Malcolm qui ne comprend rien à l’Acte IV), en passant par Macbeth qui ferait bien d’oublier qu’il vient des séries TV, les costumes à revoir, et la maquilleuse qui s’est crue dans « Game of Throne ». Bref, en dépit des « C’est pas grave » de principe, rien ne va. Et le metteur en scène de faire le noir sur le plateau pour se lancer lui-même dans l’interprétation de quelques extraits hallucinatoires…
Points forts
Un brillant divertissement : point de « prise de tête », en dépit du titre « Macbeth (The Notes) » qui programme de manière énigmatique pour le profane une pièce connue mais vue sous l’angle des « Notes ». On rit beaucoup de ce personnage burlesque et parfois absurde, totalement torturé, dont les indications sont souvent délirantes.
Un seul en scène : Dan Jemmett tire parti du principe du stand-up, qu’il connaît bien et apprécie pour sa proximité avec le public. Il confie à son complice David Ayala le mandat difficile d’arpenter seul la scène avec son grand cahier plein de « notes », dans un décor meublé d’une table et d’une chaise, et de désigner dans la salle de prétendus acteurs qu’il apostrophe.
Un comédien époustouflant : La voix dans toutes ses nuances, le corps, à la fois terrien et bondissant, David Ayala incarne avec brio et parfois profondeur (quand il nous fait le cadeau de dire des extraits de la pièce) un metteur en scène insupportable, rongé d’angoisse, qui n’aime pas beaucoup ses acteurs (et c’est drôle), les rend dingues, et n’est jamais aussi satisfait que lorsqu’il devient lui-même interprète (et c’est magnifique).
Inépuisable Shakespeare : Shakespeare et ses rois n’en finissent pas de provoquer comédiens et metteurs en scène, tant au théâtre qu’au cinéma (on se souviendra par exemple du Looking For Richard filmé par Al Pacino). La complexité et le génie, labyrinthe où se perd le metteur en scène, ont inspiré cette pièce et ont encore de beaux jours devant eux.
Quelques réserves
Je n’en vois aucun sinon que, menée tambour battant pendant 1h30, la pièce gagnerait encore à laisser souffler davantage le spectateur, saturé par l’exaspération paroxystique continue du personnage unique, par exemple en accordant un peu plus de place à Shakespeare lui-même.
Encore un mot...
Il faut courir voir ce spectacle qui ne va plus rester longtemps à l’affiche et mérite de faire salle pleine tous les soirs ! Qu’on aime Shakespeare ou pas, qu’on le connaisse ou pas, on savoure de bout en bout la performance à la fois hilarante et brillante de David Ayala, porte-parole d’un Dan Jemmett qui sait se moquer de sa profession.
L'auteur
Metteur en scène et comédien : Dan Jemmett est un metteur en scène britannique installé en France, fin shakespearien, qui n’en est pas à son premier remaniement de l’œuvre du grand Will. David Alaya s’est formé au conservatoire national de Montpellier et auprès de Niels Arestrup. Il a travaillé avec de nombreuses personnalités du théâtre dont Ariane Mnouchkine et Edward Bond.
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