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Thème
La Norvège et l’Ecosse sont en guerre et Macbeth, cousin du roi Duncan, y mène un combat très glorieux. Seulement, au lieu de rentrer savourer tranquillement son triomphe avec son épouse, il est interpellé par l’incroyable prédiction de trois sorcières, dites les « soeurs fatales » : Macbeth sera Roi!
La très ambitieuse et stratège Lady Macbeth n’aura de cesse de pousser son époux à réaliser la prédiction. Le couple, sans foi ni loi, le mal incarné, répandra les trahisons et la mort. D’abord, tuer le roi Duncan. Ayant pris sa place, Macbeth vivra dans la hantise de perdre sa couronne, alors ... meurtres des gêneurs et des simples témoins .
Il y a tout de même une morale dans cette "grande tuerie " car la terrible Lady Macbeth qui a touché le sang, sera poursuivie par des cauchemars et des remords.
Mais les morts eux, font-ils encore des cauchemars?
Points forts
- L’auteur bien sûr! Shakespeare ( 1564-1616) était le contemporain d’une époque en fureur, avec l’exécution de Marie Stuart, les massacres de la St Barthélémy, les assassinats de Henri III et de Henry IV….La force de ses pièces est inépuisable. On veut les voir et les revoir. On irait presque revoir un Macbeth pour entendre ce toujours d'actualité « Trompons l’époque avec de bonnes manières ». Ou bien ce très fameux: « …La vie est une histoire contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur. Et ne signifiant rien ».
- La mise en scène d’Ariane Mnouchkine. La fée du théâtre nous enchante depuis un demi siècle (« La cuisine » de Wesker, « Le capitaine Fracasse », « 1789 », « 1793 », les Shakespeare, les créations avec Hélène Cixous comme l’épopée de Sihanouck, celles des naufragés, des sans-papiers errants et du " Fol espoir »…) .
Avec ce Macbeth, le déploiement scénique en séquences est à la hauteur de la réputation de la metteure en scène, également traductrice de la pièce. Les images progressent par tableaux sans cesse subtilement renouvelés. C’est du cinéma scope et cela reste intrinsèquement du théâtre.
Le souffle de révolte, d’intelligence, d’enchantement, de rêve… tout cela est miraculeusement intact. Par le travail et l’exigence. C’est beau, vivifiant pour l’esprit et pour le regard. On sort de là prêts à prendre les Bastille des injustices et de la création.
- La troupe: une quarantaine d’acteurs permanents, venus de tous horizons. Un modèle de communauté réussie malgré les difficultés que l’on imagine et où chacun touche le même salaire ( 1800 euros net). Vivre pour sa passion n’est donc pas forcément une utopie. Ils sont à la fois tous et chacun et ils jouent pour tous et pour chacun. On aime reconnaître des visages, découvrir les nouveaux.
- Le décor: Les changements à vue nous enchantent. Ils font partie de la pièce. Les vagues de la tempête sont en tissu furieux. Les arbres en espaliers qui s’avancent dans le jardin nous font penser à la forêt de Birnam qui sera bientôt en marche pour un assaut en treillis de feuilles mortes. Là, une taverne dans la brume, un champ de bataille évoquant les tranchées, un décor de banquet où les grandes tables rondes juponnées se mettent à tourner…. L’esprit frappeur rôde partout.
Quelques réserves
L’élève Mnouchkine a tout bon avec mention rare.
Encore un mot...
On va à la Cartoucherie comme à une messe païenne, sans emphase mais rituelle. On y va pour vivre un évènement de théâtre et de vie. Dès l’entrée, Lady Mnouchkine, cheveux en bagarre et beauté sans affectations, coche elle-même les billets. Puis le grand hall décoré à l’effigie de Skakespeare propose des plats sains et très bons avant d’aller « communier" sur les gradins, avec les nourritures de l’esprit et de la beauté. Et là, pour paraphraser Macbeth : le chaos une fois encore, produira son chef-d’oeuvre.
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