Macbeth
Même si la seconde partie, lorsque Macbeth a accédé au pouvoir, n'a pas, je le répète, l'ampleur de la première.
Mais vous partagerez, vous "vivrez" au moins cinquante minutes de très grand théâtre.
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Thème
Dans l'Ecosse du 11° siècle, suite à la prédiction de sorcières, et poussé par l'ambition effrénée de sa femme, Macbeth, général valeureux, s'installe dans une horreur meurtrière, qui fera le malheur du couple.
Points forts
- Arny Berry a eu l'audace de ramener la pièce à 1H1/2. Comme, au surplus, tout est fait avec le maximum de sobriété, une créativité permanente dans l'utilisation du décor, des lumières, de la vidéo, au service d'un respect scrupuleux de l'univers shakespearien, avec ses tumultes, ses frénésies mais aussi sa capacité à exprimer l'essentiel de la nature humaine, on découvre un spectacle d'une étonnante modernité.
- Arny Berry sait admirablement restituer la complexité des personnages de Shakespeare. Certes, il s'agit bien ici d'un affrontement entre le bien et le mal, mais:
- on découvre, au moment où elle va entraîner son mari dans la spirale du crime, une Lady Macbeth sensuelle, aimante, très calmement au fait des déchirements d'âme de son mari.
- Macbeth a beau s'enfoncer dans le désespoir au fur et à mesure qu'il multiplie les crimes, il n'en retrouve pas moins toute son ardeur et je dirais presque une ardeur joyeuse, lorsqu'il doit s'engager dans le combat à l'épée qui lui coûtera la vie.
- L'adaptation d'Arny Berry rend formidablement compte du génie de Shakespeare dans le maniement des mots, des images et des sentiments.
- Toute la distribution est remarquable. Avec, peut-être, une mention spéciale à Laure Valles, dans le rôle de Lady Macbeth, sans doute l'un des plus périlleux de l'histoire théâtrale.
Quelques réserves
- Curieusement, dans cette version, la seconde partie, celle des tortures de l'âme, pour Macbeth et Lady Macbeth, a moins de force que la première, celle du déchaînement des ambitions.
- La scène finale tombe un peu à plat.
Encore un mot...
Cette version d'Arny Berry possède éminemment cette caractéristique des très grandes mises en scène classiques, de réussir à exprimer, à la fois, de façon magistrale, la distance -époque, milieu, culture- et la présence -l'universelle humanité.
Comment un metteur en scène aussi jeune est-il capable de révéler à ce point le génie de Shakespeare avec autant de respect et de créativité? Chapeau!
On est à un bien autre niveau que celui de l'Hamlet, terre à terre, proposé récemment par la Comédie Française.
L'événement Shakespeare de la rentrée théâtrale 2013-2014, il est là, au Théâtre 13.