Lorenzaccio

L’homme d’un seul meurtre mûrement réfléchi
De
D'après Alfred de Musset
Durée : 1 heure 30
Mise en scène
Jean-Marie Ledo
Avec
Corentin Calmé (Giomo), Romain Châteaugiron (Lorenzaccio), Alexis de Chasteigner (Pierre Strozzi), Jean-François Labourdette (Philippe Strozzi), Jean-Marie Ledo (Alexandre de Médicis,) Maïna Louboutin ( marquise Cibo), Laurent Moulin (Cardinal Cibo), Mich
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre Le Guichet Montparnasse
15, rue du Maine
75014
Paris
Tél. 01 43 27 88 61
Du 22 janvier au 9 avril 2023 Chaque dimanche à 20 heures

Thème

  • Nous sommes en 1537 à Florence, où règne Alexandre de Médicis. Ce dernier, dépravé jusqu’à la moelle, s’adonne à la débauche en compagnie de son cousin Lorenzo de Médicis.
  • Or, celui-ci se livre à un double jeu dangereux, puisque son unique but est d’abattre Alexandre pour rétablir la République. Il réalise très vite que le peuple, par lâcheté ou par faiblesse, ne le suivra pas dans son projet et ne fera pas la révolution dont il rêve.
  • Cela ne le fera en rien changer d’avis.

Points forts

  • Le magnifique texte d’Alfred de Musset, farouchement respecté à la lettre par le metteur en scène et ses comédiens.
  • Ces derniers sont bien campés dans leurs rôles respectifs et donnent, par leur jeu, beaucoup de relief au texte.
  • La mise en scène, volontairement minimaliste, est réussie. L’éclairage de la tête de mort, dorée, sur un fauteuil représentant le trône florentin, est un beau symbole. Ce fauteuil et cette tête lumineuse, constituent la première et la dernière images du spectacle.
  • Arriver à caser sur une scène aussi petite autant de personnages (neuf au total) relève de l’exploit. Chaque mètre carré de la scène a son utilité.

Quelques réserves

  • Voir évoluer les comédiens dans des vêtements d’aujourd’hui à la place des costumes d’époque est déroutant de prime abord. Mais le jeu des comédiens est tellement captivant qu’en deux minutes, on en oublie ce point qui n’est plus qu’un infime détail.

Encore un mot...

  • Dès le début, nous sommes fixés : « J’étais une machine à meurtre mais à un meurtre seulement. »

Une phrase

  • Voir un texte classique et romantique traité de nos jours est réjouissant, d’autant qu’il donne matière à une interprétation de fort bon aloi. A la brutalité des moeurs de l’époque s’opposent le calme et l’harmonie des propos de Musset. 
  • Il est intéressant également de constater que ceux qui ont adapté et mis en scène cette pièce participent au spectacle en interprétant des rôles importants. 
  • Cette représentation permet d’échapper pendant une heure et demie au monde quotidien : un vrai bonheur.

L'auteur

On ne présente plus Alfred de Musset (1810-1857), l’une des figures et des chefs de file du romantisme français à son apogée, au cours de la première moitié du XIXe siècle. 

  • Cet écrivain, dramaturge et poète est très tôt considéré comme un virtuose de la poésie, lui qui publie à 19 ans son premier recueil, Contes d’Espagne et d’Italie. 
  • Sa courte vie de débauché sera surtout marquée par sa liaison avec George Sand mais ses excès ne l’empêchent pas d’écrire, entre autres, A quoi rêvent les jeunes filles (1832), Les caprices de Marianne (1833), On ne badine pas avec l’amour, puis son chef-d’œuvre Lorenzaccio (1834), suivi de La confession d’un enfant du siècle (1836). 
  • S’agissant de Lorenzaccio, il ne fait pas de doute que le cadre de la principauté de Florence est choisi à dessein par Musset pour signifier indirectement son opposition aux régimes de type monarchique. Le dramaturge dénonce la Monarchie de Juillet (1830-1848), qui semble à beaucoup trahir la révolution des Trois Glorieuses (27-29 juillet 1830) ayant porté au pouvoir Louis-Philippe Ier. En effet, ce dernier donne vite à son règne une tournure plus personnelle et autoritaire. Il convient de noter que Le Lorenzaccio de Musset anticipe, voire inspire le conspirateur républicain Fieschi qui, fin juillet 1835 (soit cinq ans pile après les Trois Glorieuses) tente (en vain) d’assassiner le « roi des Français », pour protester contre la répression qui s’abattait alors sur les républicains, appelés à l’époque « radicaux ».
  • A partir des années 1840, la production littéraire de Musset s’amenuise. Il entre à l’Académie Française en 1852, sous le Second Empire, et décèdera de la tuberculose quelques années plus tard, en 1857.

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