L’Opéra de quat’sous

Un très grand conteur
De
Bertolt Brecht
Musique : Kurt Weill
Mise en scène
Joan Mompart
Avec
Carine Barbey, Charlotte Filou, Brigitte Rosset, Jean-Philippe Meyer, François Nadin, Lucie Rausis, Thierry Romanens, Philippe Tlokinski
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre 71
3 place du 11 Novembre
92240
Malakoff
0155489100
ATTENTION: dernière au Théâtre 71, le 14 avril.

Thème

À Londres au milieu du XIXe siècle, Mackie, le roi de la pègre, épouse en secret Polly Peachum, la fille du roi des mendiants. Avec la complicité de Jenny, une prostituée, le père de Polly fait arrêter Mackie qui est condamné à la pendaison. Il sera sauvé in extremis par son ami, le préfet de police Brown, grâce à une intervention de la reine.

Points forts

1) Bien sûr dans cet opéra, le message de Brecht est politique (il fustige clairement, en cette année 1928, la corruption de la République de Weimar), social (« L’homme vit de l’homme, il est un loup pour l’homme ») ou philosophique (« Nous voulons être bons, mais le monde ne s’y prête pas »). Mais au-delà de ses engagements et de sa chère distanciation, Brecht est avant tout un conteur. Et quel conteur ! Ses petits personnages, tous issus de la marge de la société et typés comme des santons, sont extrêmement attachants ; on suit leurs aventures comme les enfants écoutent un conte, une bonne histoire.

2) Jamais on ne se lassera des notes de Kurt Weill, cette musique que les nazis allaient bientôt interdire, la qualifiant de « dégénérée ». Inventif, il sait mêler les genres, les origines, et leur donner des accents très personnels. Ainsi, par exemple, qui peut résister à la première chanson « La Complainte de Mackie », devenue un standard repris par Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Frank Sinatra, Sting, Robbie Williams ? Les autres titres sont de la même veine.

3) Les décors et les costumes du spectacle, mis en scène par Joan Mompart, sont en noir et blanc, si l’on excepte le peignoir de soie rouge de Mackie et sa tenue orange de bagnard. Les lumières, dont quelques néons, sont souvent blafardes, assez crues. La scénographie ? Un entrelacs d’échafaudages et d’escaliers métalliques, installé sur une tournette. L’orchestre est à l’étage, à vue. Cette ambiance de cabaret d’acier, froide et sombre, digne d’Olivier Py, sert bien le propos.

4) La troupe réunit des comédiens à forte personnalité, à fort caractère, rapidement identifiables, dotés d’une grande énergie. Dans les rôles de Mackie et de Polly, François Nadin et Charlotte Filou sont épatants.

Quelques réserves

Le spectacle m’a paru mieux joué que chanté, mais c’est la règle puisque les interprètes sont des comédiens.

Encore un mot...

Texte de Brecht, musique de Weill, « L’Opéra de quat’sous » est une pièce en or. Dans ce classique du XXe siècle, les marginaux et les petits criminels tiennent la vedette. La version actuelle qu’en donne le metteur en scène Joan Mompart est particulièrement intéressante et réussie.

Une phrase

"Qu'est-ce qu'un passe-partout, comparé à une action de société anonyme? Qu'est-ce que le cambriolage d'une banque par rapport à la fondation d'une banque?"

L'auteur

Dramaturge et poète, l’Allemand Bertolt Brecht (1898-1956) est le père du « théâtre épique » qui invite l’acteur à présenter son personnage plutôt qu'à s’identifier à lui (le fameux effet de distanciation) et le spectateur à porter sur la pièce le regard critique et objectif qu’il accorde d’habitude à la réalité. 

Brecht a redonné au théâtre de son époque une fonction sociale et politique. Parmi ses œuvres les plus célèbres : Mère courage et ses enfants, La Bonne Âme du Se-Tchouan, Maître Puntila et son valet Matti, Le Cercle de craie caucasien, La Résistible ascension d’Arturo Ui. 

En 1949, il a fondé sa troupe de théâtre, le célèbre Berliner Ensemble.

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