L’île des esclaves
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Thème
Après une tempête qui a détruit leur vaisseau, quatre personnes - deux maîtres et leurs esclaves - échouent sur « l’île des esclaves », ainsi nommée parce qu’elle est uniquement occupée par des esclaves qui se sont rebellés contre leurs maîtres.
Ici, la loi change : les esclaves deviennent maîtres et leurs anciens maîtres leur doivent soumission. Ces derniers vont-ils y parvenir ?
Points forts
Le texte de Marivaux, toujours élégant et clair, délicat et bien tourné. C’est un réel plaisir que d’entendre ces comédiens s’exprimer ainsi, avec un riche vocabulaire et des expressions choisies.
La mise en scène épatante de ce spectacle : lorsque nous arrivons dans la salle, les comédiens sont déjà allongés sur le sable après leur naufrage, et débute alors une véritable chorégraphie. C’est de la danse moderne synchronisée tout-à-fait inattendue et magnifique.
Les comédiens sont tous parfaits dans leurs rôles qu’ils possèdent parfaitement et ils nous amusent beaucoup lors de leur changement de statut. Ils font ressortir l’aspect bienveillant de l’auteur lorsqu’il dépeint la société et son ton moqueur permanent. Ces jeunes savent tout faire : jouer, danser et chanter avec un égal bonheur.
Quelques réserves
- Rien ici ne démérite !
Encore un mot...
Cette comédie philosophique est riche d’enseignements. On nous dit que, chez Marivaux, il n’y a pas de morale, mais cette pièce s’apparente à un conte qui finit bien : la gentillesse et la bonté d’un esclave déteignent sur les autres personnages, et la représentation se termine avec un petit côté « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ».
Mine de rien, l’ensemble est très instructif, et Marivaux vous a un petit air professoral qui lui sied fort bien.
D’ailleurs, dans le public - il y avait une classe entière de jeunes avec leurs professeurs – tous ont apprécié le spectacle.
Une phrase
Cléanthis : « Voilà de nos gens qui nous méprisent dans le monde, qui font les fiers, qui nous maltraitent, et qui nous regardent comme des vers de terre ; et puis, qui sont trop heureux dans l'occasion de nous trouver cent fois plus honnêtes gens qu'eux. Fi ! que cela est vilain, de n'avoir eu pour mérite que de l'or, de l'argent et des dignités ! C'était bien la peine de faire tant les glorieux ! Où en seriez-vous aujourd'hui, si nous n'avions point d'autre mérite que cela pour vous ? »
L'auteur
Marivaux (1688 – 1763), issu de la petite noblesse, et suit un parcours d’études classiques. Passionné d’écriture, il fréquente assidûment les salons littéraires et côtoie en permanence des artistes.
A la fois journaliste et romancier, il marque une nette préférence pour le théâtre, notamment pour la comédie italienne. Il créera des pièces qui se jouent encore actuellement : La double inconstance (1723), L’île des esclaves (1725), Le jeu de l’amour et du hasard (1730), Le triomphe de l’amour (1734), Les fausses confidences (1737), ou encore La dispute (1744).
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