Lettre à Elise
Infos & réservation
Thème
Ce n’est pas une nième version d’échange de lettres d’un « poilu » avec son épouse bien aimée. A partir de correspondances diverses, l’auteur à voulu rendre compte, pour un public d’aujourd’hui, de ce que purent être, pour des gens simples, les conséquences de cette atroce grande guerre, avec une mise en perspective de l’évolution de la vie des femmes et de notre civilisation.
Points forts
1- Un beau et profond spectacle bien mis en scène par Yves Beaunesne, avec un mur de verre comme on pouvait en trouver autrefois dans les campagnes. Ce verre est en partie opaque. Il va laisser place à des projections fantasmatiques, mais surtout, laisser les deux protagonistes inscrire des choses essentielles, comme sur un tableau noir. On aperçoit, durant tout le spectacle Elise, joliment interprétée par Lou Chauvin, en transparence.
2- Jean Martin (Elie Triffault, très convainquant) est l’instituteur d’un village auvergnat, parti immédiatement en août 1914, la fleur au fusil, avec ses copains de régiment. Ses premières lettres pleines d’entrain laisseront vite la place à une réalité plus douloureuse.
3- Ce désir de comprendre et de dessiner la carte des pays entrés dans le conflit en raison du problème avec la Serbie, incompréhensible pour le petit auvergnat, démontre astucieusement son caractère didactique. Au fur et à mesure du déroulement des années, ses dessins deviendront de plus en plus sombres.
4- Les réponses d’Elise entre l’annonce joyeuse de la naissance de leur troisième enfant et les premières épreuves, les premières difficultés de vivre sa solitude, son obligation de faire à son tour la classe pour les enfants dans des conditions douloureuses, le froid qu’elle subit….
Elles sont passées très vite les joyeuses séances de tricot entre dames ; celles-ci doivent désormais travailler aux champs, pousser la charrue, soigner les enfants, les malades. Elles doivent remplacer les hommes.
Parallèlement, pour Jean, sur le front, dans la boue des tranchées, au milieu des rats, des cadavres et des explosions, le combat devient de plus en plus absurde et acharné. Il n’ose donner trop de détails à son épouse et l’on sent que le lien très fort qui les unissait, est en train de se déliter.
5- Il y aura aussi son copain Victor, qui sera victime des fusillés pour l’exemple de 1917. Jean, devenu caporal, ne supporte plus ; il se révolte aussi.
Sa permission toujours reculée arrivera enfin. Hélas, les retrouvailles ne seront pas ce qu’ils en avaient rêvé. Ses enfants ne le reconnaissent pas ; sa femme qui a accueilli un réfugié belge un peu trop complaisant, semble un peu trop intime avec ce dernier. Jean repart, désespéré, pour le front. Désormais, malgré les lettres suppliantes d’Elise, il se confinera dans le silence.
Quelques réserves
Il est un peu dommage qu’Elise passe l’essentiel du spectacle derrière la vitre.
Encore un mot...
C’est un regard différent mais très juste sur cette période. Il s’agit ici de l’héroïsme au quotidien, dans sa banalité, où il faut tenir, tenter de survivre dans d’horribles conditions. Un tel éloignement est terrible pour un couple, alors que chacun veut épargner à l’autre sa propre souffrance. Ce spectacle est aussi l’évocation de notre mémoire collective.
L'auteur
Jean-François Viot est un jeune auteur belge passionné par le théâtre depuis l’enfance. Il rejoint le Théâtre universitaire de l’Université catholique de Louvain et y monte ses premiers spectacles. Il termine ses études comme agrégé et maître de littérature française. Viendra ensuite sa participation à plusieurs spectacles ainsi que son adhésion à l’Atelier Jean Vilar. Il se passionne pour Alexandre Dumas lors du bicentenaire de sa naissance. Egalement fasciné par la théorie du Big Bang face à l’existence de Dieu, il produira un spectacle remarqué sur ce thème au Festival de Spa. Il est aussi un collaborateur scientifique de grandes encyclopédies consacrées au Théâtre, très reconnu en Belgique.
Ajouter un commentaire