Les petits chevaux, une histoire d’enfants des Lebensborn

Naissances programmées
De
Séverine Cojannot, Camille Laplanche, Matthieu Niango et Jeanne Signé
Mise en scène
Jeanne Signé
Avec
Florence Cabaret, Séverine Cojannot, Nadine Darmon, Samuel Debure

Durée : 1h20

Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Théâtre des Gémeaux Parisiens
15, rue du Retrait
75020
Paris
01 87 446 111
Reprise du 04.03.25 au 22.04.25. Les lundis et mardis à 19h
Festival théâtral de Coye-la-Forêt (60) le 20 mai 2025

Thème

  • A la faveur d’un déménagement, la découverte d’extraits d’archives familiales fait surgir des questions qui traversent le silence des générations. Violette apprend incidemment l’adoption de sa mère au sortir de la Seconde Guerre mondiale. 

  • Bouleversée, Violette interroge et mène l’enquête jusqu’en Allemagne pour comprendre qu’il s’agit, non pas d’un cas isolé, mais de centaines, voire de milliers d’enfants nés en Lebensborn dans le cadre d’une politique nataliste nazie de sélection raciste, les SS étant invités à se reproduire pour peupler l’Europe d’Aryens conformes à l’idéologie. 

  • Inspiré de faits réels, le récit se concentre sur les conséquences d’une telle filiation dans une composition théâtrale fondée sur l’émotion.

Points forts

  • Dans un décor de cartons mobiles, qui évoque les alvéoles de la mémoire ou de l’oubli, une mise en scène tout en retenue trace le parcours suivi par les personnages pour accéder à des fragments de vérité sur les conditions particulières de leur naissance.

  • Des comédiens au ton juste, jouant chacun plusieurs rôles, explorent une histoire de silence et de non-dits qui explosent sur scène.

  • Un texte très précis qui laisse percer l’émotion et qui informe en même temps sur ces “pouponnières nazies“ dont une seule a existé en France.

  • Cet épisode mal connu de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale est ainsi donné à voir et à comprendre sur un plateau de théâtre, sans pathos ni jugement moral, à travers des questions posées par des enfants devenus adultes.

Quelques réserves

  • Certaines longueurs dans la description de la transmission du trauma ralentissent le rythme de l’enquête, de même qu’un certain angélisme dans la restitution du souvenir d’enfance rendent quelques scènes peu crédibles.

Encore un mot...

  • Un père SS est-il susceptible d’élever des enfants sans leur transmettre sa vision de l’histoire et les relents racistes et criminels de son engagement ? La question, qui lève le voile sur l’entreprise de natalité aryenne que constituent les Lebensborn, se heurte au secret des familles, message porté par les acteurs, volontaires ou involontaires, victimes sans conscience ou au contraire promoteurs du grand dessein nazi d’homogénéisation des populations du « Reich de mille ans ». 

  • Retrouver après trois générations les traces de ces politiques volontaristes, parallèles à l’extermination industrielle de millions de personnes, permet d’inscrire dans l’espace scénique les réactions des personnages que l’on suit depuis la naissance jusqu’à l’âge adulte, horrifiés et émus tout à la fois, dans un effort de vitalité pour survivre à la programmation, paradoxalement morbide, de leur venue au monde.

Une phrase

  • « Nous avons ressenti le besoin de transmettre par le biais de l’art l’inconcevable destin de ces innocents, de retracer les parcours des enfants des Lebensborn, et leurs questionnements sur leurs origines. Notre pièce est un vecteur contre l’oubli et montre ce que les théories eugénistes, racistes et antisémites ont engendré et engendrent encore aujourd’hui de haine et de folie meurtrière. Elle veut croire en la fraternité.
    Au plateau, quatre comédiens incarnent une dizaine de personnages, français ou allemands, d’hier et d’aujourd’hui qui apportent un éclairage différent sur l’Histoire. La scène redevient le lieu de la parole et du débat complexe, sans réponses préconçues. »

  • Hortense : « Depuis que je sais qu’on est montés dans tous ces trains, j’ai l’impression de ne plus pouvoir en descendre. »

L'auteur

  • Né à Nancy en 1981, normalien, agrégé de philosophie, Matthieu Niango est l’auteur de plusieurs ouvrages, parmi lesquels La démocratie sans maîtres (Robert Laffont, 2017), Les gilets jaunes dans l’Histoire (Kime, 2020), pour lequel il est notamment invité à faire une “carte blanche“ au Théâtre du Rond-Point. Il écrit aussi des documentaires pour France Télévisions.

  • Sa mère, Gisèle Niango, est issue des Lebensborn. Il a œuvré pour le dépôt de la plaque inaugurée en mars 2019 à Commercy, en mémoire des enfants arrivés en 1946 depuis les pouponnières nazies. Son premier roman, La Dignité des ombres, est sorti en avril 2021 (Editions Julliard). Son second, prévu pour 2025, portera sur les Lebensborn.

  • Camille Laplanche est responsable de la communication scientifique dans une équipe de recherche Inserm en épidémiologie, qui s’intéresse aux transmissions intergénérationnelles des modes de vie ou d’héritage génétique et épigénétique. Les questions de transmissions conscientes ou inconscientes sont au cœur de ses interrogations. Elle est présidente de la Compagnie pARTage depuis 2014. Camille Laplanche accompagne ses projets artistiques depuis sa création. Elle est aussi membre fondatrice de l’association Pour la mémoire des enfants des Lebensborn

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