Les oubliés Alger-Paris
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Thème
Ce spectacle fait partie d'une sorte de quête sur notre histoire contemporaine. Les deux jeunes femmes, qui signent le texte et la mise en scène, nous restituent leur vision de la guerre d'Algérie, par le prisme de l'histoire particulière de deux familles, réunies à l'occasion d'un mariage organisé à la Mairie du XVIIIème arrondissement en 2019. Des flashes back inspirés par des archives d'époque, révèlent au spectateurs leur regard de ce que purent être les entretiens tenus dans le bureau du Général de Gaulle entre 1958 et 1961, notamment lors de la préparation de la Constitution de la 5ème République. C'est le regard aigu d'une jeune génération sur des événements qu'elle n'a pas vécus.
Points forts
1 – Une belle distribution, orchestrée dans un système bi-frontal qui prévaut souvent ici, désormais, avec alternance de ces familles et des personnages de la « vraie » histoire. Les acteurs incarnent leur personnage de 2019, puis certains prennent le rôle des personnages politiques.
2 – Ce qui est attachant, c'est l'univers des coulisses de cette mairie, entre une Maire (Sylvia Bergé) toujours excellente, qui est impliquée dans cette histoire familiale, puisqu'elle est, elle-même, fille de rapatriés et amie du jeune marié, fils d'une française et d'un algérien.
3 – Danièle Lebrun, qui joue à la fois le rôle de cette mère un peu possessive, et celui d'Yvonne de Gaulle, apporte toute son énergie et sa sensibilité de femme qui a souffert de cette alliance matrimoniale, très mal ressentie à l'époque. Ses conversations avec l'employé de mairie corvéable à merci -Gérard Colin l'interprète avec sincérité et émotion- sont attachantes et touchantes.
4 – Certains rôles familiaux sont plus émouvants que d'autres; ainsi Jérôme Pouly, en cousin fraternel est très convainquant. La jeune génération a du mal à comprendre tous ces ressentiments, surtout quand des secrets bien cachés explosent. La jeune mariée (charmante Pauline Clément) est touchante dans son plaidoyer plein d'espoir, à la fin de la pièce.
Quelques réserves
1 - Si Eric Génovèse est très amusant dans son personnage de jeune attaché à la Mairie, il devient particulièrement intéressant quand il incarne avec beaucoup d'attention Michel Debré. En revanche, je suis moins convaincue par Bruno Raffaélli, très virulent et presque émouvant en père déchiré de la marié, mais qui endosse, lors des moments « historiques », le personnage de Charles de Gaulle d'une manière moins crédible.
2 – L'aspect un peu didactique de la pièce manque de cette détresse réelle vécue par ces déracinés, dans cette période qui fut si difficile et où tant d'exactions furent commises dans les deux camps.
Encore un mot...
Rien n'est jamais objectif, tout passe par le filtre sensible d'une génération nourrie de documents qui ne l'étaient pas forcément non plus, avec un regard d'aujourd'hui. Certes plus de soixante années sont passées, mais je trouve très intéressante cette initiative du « Birgit ensemble » à la recherche de notre mémoire commune. Mais pour l'avoir vécue depuis Paris, dans ma jeunesse au lycée, avec l'arrivée de mes camarades rapatriés, j'avoue ne pas avoir vraiment retrouvé ici la trace réelle des douleurs éprouvées. Je n'ai pas reconnu non plus la figure du Général de Gaulle qui avait reçu plus de 82% de suffrages favorables lors de son referendum de 1958.
L'auteur
Julie Bertin et Jade Herbulot ont réuni trois générations d'acteurs de la Troupe plus ou moins proches de cette histoire récente, de la guerre d'Algérie. D'abord intéressées par l'histoire de l'Europe de 1945 à nos jours, avec notamment la tétralogie « Europe, mon amour », elles entament ici un nouveau cycle autour de la Ve République. Dans le tumulte de la guerre d'Algérie qui succéda à la guerre d'Indochine, le Président René Coty, pour faire cesser les changements constants de gouvernements, avait appelé le général de Gaulle - homme providentiel - afin qu'il trouve une issue à ce conflit. De Gaulle accepta à condition qu'une nouvelle constitution fût adoptée. Julie Bertin et Jade Herbulot posent leur regard de trentenaires sur cette histoire récente toujours douloureuse et dont les plaies ne sont pas encore cicatrisées
Commentaires
Ce ne serait plus Eliot Jenicot qui joue l'employé de la mairie?
Evidemment c'est lui, pardon, erreur de frappe. Cordialement. Je vais essayer de faire corriger.
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