Les Lois de la Gravité
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Thème
Un flic s’apprête à passer une nuit de garde «sans embrouille» au poste de police avant de partir en congé. Il est visiblement en fin de carrière. Pas de chance pour lui, une femme «vidée de l’intérieur» vient avouer le crime de son mari suicidaire et violent, à quelques heures de la prescription définitive.
Elle veut être inculpée pour libérer sa conscience. Par humanité, l’inspecteur résiste. Entre ces deux vies qui se découvrent, l’humour s’invite par surprise.
Points forts
- Les acteurs : l’inspecteur dépité, Dominique Pinon, et la femme détruite, Florence Loiret-Caille, portent la pièce avec beaucoup de justesse. Le flic usé, très présent, presque agité sur la scène, nous rend complice des sentiments qui le traversent : le doute, l’ennui, les regrets, les aspirations, les impatiences. Face à l’honnêteté de la criminelle, son mal être est tangible. Elle, rongée par les remords, se vide devant nous de toute substance: elle n’est plus rien. Son vide remplit la scène. Pas facile à jouer. Florence Loiret-Caille y excelle, une robe sur un cintre! Pierre Forest en brigadier qui intervient de temps en temps est parfaitement rassurant et goguenard.
- L’humour s’instille et s’installe là où on ne l’attendrait pas. Il faut bien détendre l’atmosphère : « Vous n’avez pas peur d’aller au trou ? » - « Enfant, j’avais même peur des trous dans le pain ! ».
- Un seul décor pour cette pièce : le bureau du commissaire. Il n’a pas bougé depuis les années 50 (au vieil ordinateur près), il en a la couleur neutre et seul un jeu de lumières changeantes traverse les persiennes pour éclairer les différents moments de ce tête à tête.
Quelques réserves
La pièce est courte, à peine plus d’une heure ; elle recèle néanmoins des longueurs. Justifiables dans un roman, elles sont ici un peu gênantes. Que viennent faire de tels développements sur les transformations malheureuses du monde rural depuis cinquante ans ou les évolutions du vocabulaire juridique!
Encore un mot...
« C’est une erreur, pas une faute ! » ou comment un policier pétri d’humanisme est amené à considérer qu’un crime peut s’avérer légitime et que sa révélation peut faire plus de mal que de bien : « vous ne me livrez pas que votre vie. Vos enfants, vous me livrez aussi la leur ». Ce n’est pas l’avis d’une femme blessée, « qui n’a plus la force de garder pour elle seule le secret ».
Une phrase
« Mettez ce souvenir à mourir… le remord « tu le sors ! » (le flic de garde à la femme blessée)
L'auteur
Jean Teulé, ancien auteur de BD, chroniqueur de télévision (L’assiette anglaise de Bernard Rapp, Nulle part ailleurs…) écrit aussi des romans à succès : « Le magasin des suicides »; « Le Montespan »; « Charly 9 »; ou « Les lois de la gravité », qui a fait l’objet du film « Arrêtez moi », et dont la pièce est tirée, dans une adaptation de Marc Brunet.
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