Les gens de Bilbao naissent où ils veulent
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Thème
Maria est une fille d’émigrés espagnols ayant fui le franquisme pour vivre à Paris, pays de la liberté et du camembert.
Ils atterrissent par un concours de circonstance au Théâtre de la Michodière dont le père sera concierge. Sa mère, une courageuse femme de ménage, l’entoure de toute son affection et elle voue une admiration à son père, qui lui en a plus pour un verre de rouge.
Maria intègre une école de cinéma et cherche à réaliser, à mettre en scène ses origines, en vain, jusqu’au jour où une tireuse de cartes lui révèle un secret sur sa naissance… Et là, tout bascule.
Points forts
Une simplicité esthétique. Dans un dispositif scénique dépouillé évoquant tout à la fois ces rideaux qui trônaient à l’entrée des loges de concierge, mais aussi ces mêmes rideaux perlés si caractéristiques des demeures du sud, l’actrice évolue fluidement et se fait conteuse.
La mise en valeur du récit. C’est un puzzle qui se reconstitue par petites touches d’un passé chaotique, rocambolesque, mais qui reflète une tragédie familiale certaine. Un secret éclate au visage du personnage incarné par Bérénice Béjo, qui lui prête toute sa sensibilité, sa révolte et parfois sa candeur. La présence de Bérénice Béjo est chaleureuse, généreuse, et sa performance mérite le déplacement.
Quelques réserves
- Quelques longueurs dû une narration trop forte, trop proche d’un roman éponyme qui ne s’adapte pas toujours à la scène, et qui produit un petit manque de dramaturgie.
Encore un mot...
Au final, c’est l’amour de la famille qui l’emporte, qu’elle soit la nôtre ou celle que l’on se choisit.
Une phrase
MARIA :
- « On traverse l’avenue de l’Opéra en courant, la rue Gaillon, et ça y est, on est dans notre rue, ce territoire étrange dont le bar-tabac dessine la frontière secrète. C’est la principauté de mon père, Julian. Mes parents sont arrivés en France en 75, à la mort de Franco. Des amis à eux leur avait parlé d’une “loge de guardian”, dans les quartiers chics de Paris, “una habitation de bonne“. C’est comme ça que mon père est devenu le gardien de la Michodière et que moi… J’ai grandi dans un théâtre. »
- « Je suis née de l’ombre d’une femme. On pourra dire de moi que je suis une bâtarde. Je suis née de l’ombre d’une femme, son secret bien gardé par une suture habile. Elle a reconnu le fruit pourri au pied de l’arbre généalogique. Du tronc imposant, il est resté une minuscule écharde. Elle s’est glissée sous l’ongle de l’index de ma main droite. Le doigt qui tape le plus sur le clavier de mon ordinateur. Cette subtile douleur me signifie que je suis là et que j’existe dans ce demi-monde. Je veux porter ma chevalière effacée, reprendre conscience de mon existence. »
L'auteur
Maria Larrea, née à Bilbao, elle est réalisatrice, scénariste et écrivaine française. Son premier roman - Les gens de Bilbao naissent où ils veulent - obtient en 2022 le prix du premier roman, et le Prix roman France télévisions en 2023.
Maria Larrea a grandi à Paris, où elle a obtenu une licence de cinéma en 2002, et poursuit ses études à la Fémis jusqu’en 2006. Elle est la réalisatrice de cinq court-métrages, réalisés entre 2204 et 2015.
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