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Thème
Une troupe de théâtre, La Compagnie de la Comtesse, joue une pièce écrite par un poète suicidé : La Fable de l’enfant échangé; elle ne connaît que des échecs. Les acteurs qui la compose échouent dans une étrange villa où vivent des marginaux retirés du monde sous la protection du maître des lieux, le magicien Cotrone. Il propose à cette troupe désespérée de s’installer dans la villa pour ne jouer leur pièce que pour eux, sans aucun public, loin des aspirations matérialistes du monde moderne ; il les invite à se retirer dans le pays des rêves …
Cotrone prône un refus du monde : « le corps c’est la mort ». Il invite les acteurs à se réfugier dans la villa, à sortir du monde réel, à refuser la vie telle qu’elle est dans une étrange pulsion de mort à l’intérieur de la ville, autre monde (inquiétant) à mi chemin entre l’enfance et le séjour des morts.
« Les Géants de la montagne sont le triomphe de l’imagination ! Le triomphe de la Poésie, mais en même temps la tragédie de la Poésie dans la brutalité de notre monde moderne. » C’est ainsi que Pirandello présentait sa pièce.
Points forts
- La bonne mise en scène de Stéphane Braunschweig, avec de gros moyens techniques : une villa matérialisée par un cube transparent pivotant sur lui-même, véritable écran de cinéma, et toile de fond incrustée dans une scène sur la scène donnant à voir une surprenante mise en abîme. C’est visuellement très intéressant.
- Dans la distribution, mention spéciale à Claude Duparfait (Cotrone) et John Arnold (Cromo), qui sont au-dessus du lot. Ajoutons Dominique Reymond, qui joue juste.
Quelques réserves
Le « voyage au pays des morts » (S. Braunschweig) dans lequel Pirandello veut nous conduire n’aurait-il pas mérité une mise en scène moins abstraite ? C'est vrai qu'il est difficile de ne pas être abstrait quand on rentre dans un univers onirique et encore plus quand on pénètre à même le rêve. Toujours est-il qu’on peut se sentir rapidement perdu dans cette pièce et qu’il ne nous reste plus pour nous raccrocher à quelque chose que le jeu des acteurs ou la beauté des mots.
Les Géants, qui donne son titre à la pièce, symbolisant le totalitarisme, le capitalisme etc, n’auraient-ils pas été mieux campés par des formes bien visibles plutôt que par des bruits d’alarme avertissant d’un raid aérien ? Les moyens techniques à disposition et la scène aurait sans doute permis quelque chose de plus nourri.
Encore un mot...
Un bon spectacle pour « ouvrir la saison », un voyage dans l’imaginaire et la poésie.
Toutefois, il faudrait peut-être se plonger au préalable dans l’histoire de cette pièce et dans l’univers de Pirandello, mais aussi dans sa vie, pour bien saisir le sens de cette oeuvre et ne pas se perdre dans le rêve…
Mais n’oublions pas qu’il s’agit d’une pièce inachevée.
Une phrase
« Seul le crépuscule apporte aux hommes la clairvoyance, celui du matin l’avenir, celui du soir, le passé. »
L'auteur
Né en Argentine en 1867, Luigi Pirandello commence par enseigner la littérature italienne à Rome et publie son premier recueil de nouvelles en 1894.
En 1904, il écrit un premier roman, Feu Mathias Pascal qui s’avère être un véritable succès et lui assure une renommée certaine.
Ses premières pièces de théâtre sont publiées au lendemain de la Première Guerre mondiale et sa pièce, Six personnages en quête d’auteur, triomphe à New York et Milan en 1921.
Il adhère au parti fasciste en 1924 et fonde le Teatro d’Arte di Roma mais la censure d’une de ses pièces le fait rompre avec la politique, et son projet de théâtre s’effondre en 1928.
En 1934, il reçoit le prix Nobel de littérature.
Il meurt à Rome en 1936 et laisse inachevée une pièce commencée en 1928, qui devait être son chef d’œuvre : Les Géants de la montagne.
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Original, impressionnant, mais très abstrait.
Commentaires
Bonjour,
Juste une petite remarque, Pirandello n'est pas né en Argentine !
Cordialement,
M.P.
Effectivement, Pirandello n'est pas né en Argentine, mais à Agrigente en Italie
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