Les Frères Karamazov
Durée : 3h15 (avec un entracte)
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Thème
• Fiodor Karamazov, le père, est assassiné. Lequel de ses fils, parmi les trois frères, l’a tué ?
• Certes, on ne pleurera pas ce père ignoble et dénué de toute moralité, qui s’est complètement désintéressé de ses enfants, issus de différents mariages. Mais on se passionne pour ses trois fils. Voici d’abord l’aîné, Dmitri, dénué de scrupule, sensuel et éternel amoureux, rival de son père en amour fait un coupable idéal. Ensuite Aliocha, fortement attiré par Dieu est vertueux, naïf ; il pourrait bien avoir joué un rôle dans l’affaire, ne serait-ce qu’en ne voyant rien venir. Et enfin Ivan, le cadet, intellectuel brillant mais tourmenté par la question du mal radical, ne l’a-t-il pas souhaité malgré lui ?
• L’enquête pour trouver le coupable va déchainer les passions et révéler les monstruosités de chaque personnage.
Points forts
- La mise en scène restitue, dès le début du spectacle d’une rare et violente abstraction sur fond de musique industrielle dissonante, la puissance des forces en présence qui vont se déchainer tout au long de la pièce. Sans temps mort, Sylvain Creuzevault nous tient en haleine pendant plus de trois heures.
- La pièce restitue la dimension de « farce » de la pièce. Souvent drôle et parfois hilarante, surtout dans la 4ème partie avec la caricature de la justice. C’est une farce grinçante et destructrice bien que jubilatoire.
- Enfin, les acteurs sont à l’unisson de leur metteur en scène. Tous sont impeccables dans leur(s) rôle(s), chacun interprétant plusieurs personnages avec une puissance dévastatrice et une justesse accomplie.
- Des musiciens (piano et flûte) ainsi qu’un DJ jouent en direct la bande-son (improvisée ?) de la pièce. Très inspirés, ils sont un élément important de la scénographie, comme au cinéma.
Quelques réserves
• Après l’entracte, au début de la troisième partie, le metteur en scène est soudain rattrapé par les tics d’une scénographie moderne dont on déjà pu déplorer les travers dans de nombreuses créations récentes : scène présentée à travers une verrière (ou un rideau) séparant la scène du public et diminuant la visibilité ; utilisation abusive de la vidéo ; nudité d’un acteur comme pour mieux montrer combien il se « dépouille » du superflu …
• Heureusement, dès la quatrième partie on en revient à la mise en scène qui comme lors des deux premières parties, donne au spectacle son allégresse inspirée.
Encore un mot...
• Les frères Karamazov est le roman de la démesure : affrontement tentaculaire entre le Bien et le Mal, qui parcourt tous les personnages de la pièce, conflit entre la croyance en Dieu et une défiance de toute religion, opposition entre l’amour véritable et l’amour névrotique.
• Sylvain Creuzevault est fasciné par Dostoïevski. Il a déjà monté Les Démons au théâtre de l’Europe - Ateliers Berthier en 2018, et Le Grand Inquisiteur à l’Odéon à l’automne 2020.
• Autour du spectacle, il propose une forme courte et adaptée pour les lycées de Grand Inquisiteur avec deux de ses comédiens, Arthur Igual et Sava Lolov. Elle se donne dans les établissements scolaires en octobre et novembre.
Une phrase
« Oh, tuer un tel père – mais c’est même impossible à penser ! Messieurs les jurés, qu’est-ce que c’est qu’un père, un vrai père, qu’est-ce que ce mot sublime, quelle idée si effrayante dans sa grandeur est renfermée dans ce nom ? » (plaidoirie de l’avocat Fétioukovitch au procès de Dimitri Karamazov).
L'auteur
• Fiodor Dostoïevski est né à Moscou le 30 octobre (on fête le 30 octobre 2021 le 200ème anniversaire de sa naissance) et mort en 1881. Il publie Les Frères Karamazov en 1880.
• Ses romans, qualifiés de « métaphysiques », abordent la question angoissée du libre arbitre et de l’existence de Dieu, et la placent au cœur de son œuvre.
• L’écrivain oppose de façon dialectique les points de vue différents des personnages qui se construisent eux-mêmes, au travers de leurs actes et de leurs interactions sociales.
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