Les Fourberies de Scapin
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Thème
Deux garçons de bonne famille se sont engagés dans des histoires d’amour sans le consentement de leurs pères, partis en voyage. A leur retour, les drames éclatent. Les deux fils s’en remettent alors à Scapin, un valet malin et peu recommandable, qui multipliant stratagèmes et fourberies les sortira de ce mauvais pas.
Points forts
1) Pour Molière, « la scène est à Naples » ; il s’agit de la seule indication qu’il donne pour le décor. Très souvent, les metteurs en scène situent l’action sur un quai ou sur un dock. Imad Assaf, lui, a choisi d’évoquer plus précisément un entrepôt d’aujourd’hui, avec des piles de palettes, des bidons et des tonneaux de plastique, des outils de déchargement… un univers rude où règne la force.
2) Molière raconte, une fois de plus, les aventures cruelles de jeunes gens qui tentent de se soustraire à la dictature de pères dépourvus de sentiment. Ici le metteur en scène insiste sur la violence des rapports : violence des fils qui veulent s’affranchir et épouser qui ils aiment; violence des pères qui ne songent qu’à leur honneur et à leur argent; violence de Scapin, individu sans foi ni loi, qui n’aime rien tant que provoquer, manigancer et dominer. Il y a du thriller dans l’air, une tension qui jamais n’élude le rire, et c’est très bien vu.
3) La troupe est constituée de jeunes comédiens, pour la plupart issus récemment du cours Florent. Ils sont excellents et jouent tous soudés, sans chercher à se distinguer par des numéros personnels. Ils font vivre physiquement leur personnage et domptent la langue de Molière, pourtant si loin de la nôtre aujourd’hui. Cette implication corporelle et ce grand respect du texte rendent particulièrement lisible la comédie.
Quelques réserves
1) De rares fois, le rythme se perd, notamment à l’occasion de transitions. Il suffirait de resserrer certains temps.
2) Les premières minutes sont un peu dures à suivre à cause de l’éclairage style « phares de voitures ». C’est chic mais un peu toc. Heureusement, cela ne dure pas !
Encore un mot...
Les Fourberies de Scapin sont une farce noire. Cette bonne production que l’on doit à de tout jeunes comédiens est à la fois très drôle et très brutale. Servir fidèlement Molière tout en lui apportant un regard contemporain, semble avoir été leur credo. Une réussite.
Une phrase
Acte III, scène 1
Scapin à Silvestre : « Et je hais ces cœurs pusillanimes qui, pour trop prévoir la suite des choses, n'osent rien entreprendre. »
L'auteur
Molière écrit « Les Fourberies de Scapin » en 1671. Plus proche de la Commedia dell’arte que de la Grande comédie, la pièce ne remporte pas à sa création beaucoup de succès. Boileau la trouvera indigne de l’auteur du « Misanthrope ». Pourtant aujourd’hui, cette farce noire est devenue l'une des pièces les plus jouées du répertoire théâtral français et les plus étudiées dans les écoles.
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