Les Fantômes de la rue Papillon
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Thème
Un homme est seul sur un banc éclairé par un réverbère. Il attend. Tué rue Papillon le 16 juillet 1942, voici plus de 75 ans, lors de la rafle du Vel d’Hiv, il peut voir ce qui se passe dehors, sans être capable de rien entendre. Il assiste impuissant à un contrôle policier qui tourne mal au même endroit. Haïssa, un jeune français d’origine algérienne est tué sur le coup, le 19 février 2017. Sans comprendre ce qui lui arrive, il tombe sur Joseph qui peut le voir, et même lui parler. Désormais, ils vont pouvoir communiquer, mais ce sont des fantômes.
Points forts
1- Ce spectacle est une reprise au Théâtre La Bruyère. Le lieu et la distribution ont changé, c’est pourquoi nous avons pensé, à Culture-Tops, en faire une nouvelle chronique. On salue la prestation de Michel Jonasz, qui joue Joseph avec sobriété, intelligence et sensibilité. Son souhait unique est de savoir ce qui s’est passé après la tristement célèbre rafle et il tente tout pour l’obtenir d’Haïssa.
2- Face à lui, Eddy Moniot, doué d’une présence très sympathique, incarne le jeune « rebeu », avec candeur et beaucoup de naturel. Sans vouloir dévoiler les surprises de ce conte théâtral, il faut convenir qu’il est touchant et particulièrement convainquant dans sa manière de tenter de cacher l’horrible vérité à Joseph.
3- La confrontation de deux univers totalement antinomiques, de deux personnalités qui n’ont rien en commun, hormis les qualités de cœur, fonctionne très bien.
4- Les problèmes graves du racisme de notre histoire récente sont ainsi évoqués de manière légère, ce qui n’exclue pas l’émotion, lors des projections finales.
5- Une mention spéciale à Judith Magre qui intervient dans une vidéo, en tant que personnage de la pièce, témoin de la Shoah. Elle exprime avec force et énergie la pensée profonde de l’auteur.
Quelques réserves
J'ai assisté à l’une des premières représentations, je fais confiance à l’auteur et metteur en scène qui, d'après mes informations, était en train de couper quelques petites longueurs.
Encore un mot...
La pièce est une sorte de conte touchant, souvent drôle et émouvant, qui se déroule dans le monde mystérieux des morts. Elle tente d’inciter les humains à plus de tolérance. On peut traiter les sujets sérieux et graves avec légèreté et sourire. L’auteur et ses interprètes le démontrent ici.
Une phrase
- Joseph : « Six millions d’arabes en France ! Mais comment en êtes-vous arrivés là ? »
- Haïssa : « Oui, certains disent que c’est trop. »
L'auteur
Dominique Coubes a travaillé dans la mode et le cinéma ; écrit pour « Les Inconnus ». Depuis 2005 il est le directeur artistique du Théâtre du Gymnase. Il a écrit avec sa compagne, Nathalie Viernes, « Le siècle sera féminin ou ne sera pas ». Il est aussi metteur en scène.
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