Les Estivants

De
Maxime Gorki
version scénique de Peter Stein et Botho Strauss
version française de Michel Dubois et Claude Yersin
Mise en scène
Gérard Desarthe
Avec
Martine Chevallier, Michel Favori, Thierry Hancisse, Anne Kessler, Sylvia Vergé, Bruno Raffaelli, Christian Blanc, Alexandre Pavloff, Céline Samie, Clotilde de Bayser, Loïc Corbery, Hervé Pierre, Samuel Labarthe, Pierre Hancisse, Jacques Connort
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Comédie Française: Salle Richelieu
1 Place Colette
75001
Paris
Jusqu'au 25 mai

Thème

C'est l'été. Un groupe d'amis passe ses journées à parler de tout et de rien dans une datcha louée, au bord de la mer. La présence d'une femme médecin, révolutionnaire engagée, va bousculer violemment cette fragile harmonie, libérer des violences contraintes et faire éclater le groupe.

Points forts

1 Cette pièce vaut par la description corrosive du pourrissement d'une société et le délitement d'une intelligentsia d'origine populaire, coupée des réalités de son peuple. Un monde de petits bourgeois, par contre bien conscients de l'échec de leurs propres vies, au point d'en devenir par moments -trop souvent ?- pleurnichards.

2 Il y a, dans cette pièce, quelques très beaux portraits de femmes, beaucoup plus intéressantes, en fait, que les hommes et moins sensibles aux séductions de l'aveuglement et des compromissions.

3 La mise en scène est précise, sans fioritures, et respectueuse de l'esprit du texte.

4 Presque toute la distribution est remarquable, et homogène.
J'ai particulièrement apprécié la composition de Samuel Labarthe, dans le rôle d'un écrivain sur le retour,  lucide sur son état mais néanmoins aussi provocateur et parfois condescendant que "coincé".

Quelques réserves


1 Telle qu'elle est présentée là, la pièce souffre d'un réel déséquilibre,l'action et l'intrigue se délitant et se dispersant trop souvent, au cours des deux derniers actes. On s'éloigne alors du côté ping-pong qui fait des échanges de la première partie de la pièce une accumulation spectaculaires de brefs moments de vérité.

2 Gorki et Tchekov se sont connus et estimés. Mais le monde de Gorki n'est pas celui de Tchekov. Il n'en a pas la grâce. Avec Gorki, on baigne dans l'univers petit bourgeois. On est, peut-être, plus proche d'une certaine réalité sociale, dans la Russie des débuts du XX° siècle, mais cela ne fait pas, en soi, notre bonheur de spectateur. D'autant que les engagements politiques de Gorki l'amènent souvent à forcer le trait, à tomber dans la caricature. Dommage, car quand il le veut bien, il est capable de faire preuve d'une très grande finesse.

Encore un mot...

Il y a du talent, de l'intuition, de la fougue chez Gorki. Mais je me permettrai de dire que Gorki est à Tchekov ce que le journalisme est au grand théâtre.

Avec Gorki, on est dans la pâte humaine, complaisamment englué, le plus souvent, dans la médiocrité des jours. Avec Tchekov, on est dans le mystère des êtres, de la relation à l'autre, à l'amour, à la création, à la mort.

On n'est pas au même niveau.

Avec Gorki, on est du côté d'Octave Mirbeau ou de Thomas Bernhard. Ce qui n'est déjà pas si mal...
Avec Tchekov, même si leurs univers sociaux n'ont rien à voir, on est du côté de Racine, de Shakespeare. C'est pas lamême planète...

Une phrase

"La vache la plus sacrée de notre société: la propriété privée".

L'auteur

L'oeuvre maîtresse de Maxime Gorki (1868-1936), écrivain contestataire, restera, semble-t-il, "Les Bas-Fonds", pièce écrite en 1902, deux ans avant "Les Estivants".

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