Les Eclats du Bal

Un univers très personnel, original et fort.
De
Daniil Harms
Création de Pascal Crantelle
Avec
Harold Crouzet et Aline Lebert
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

L'Auguste Théâtre
6 impasse Lamier
75011
Paris
01 43 67 20 47
ATTENTION: dernières représentations, mardi 19, jeudi 21, vendredi 22 avril à 21h

Thème

Se succèdent, comme un long ruban que l'on déroulerait, des poèmes, des lettres, des pièces courtes, des textes en prose qui furent écrits par un homme épris de liberté, en pleine Russie Stalinienne. 

Points forts

1 Il y a dans ce spectacle une énergie que l'on sent éclore, passées les premières minutes déconcertantes. On ne sait pas encore, à ce moment là, que rien ne va advenir comme on pourrait l'imaginer. 
L'auteur bouscule les codes du langage, le sens des récits, les réactions attendues. Il transgresse, pour faire d'histoires banales des contes maléfiques, des ballades poétiques étranges et dérangeantes. 
Nous sommes en Russie, la répression fait rage et il faut lutter contre le néant qui guette l'homme. Les histoires  sont absurdes et poétiques; il y a là dedans de la dérision et de la cruauté, adossée à des drôleries qui font sourire. Daniil Harms questionne. Les hommes ne sont pas bons, les temps sont peut-être absurdes eux aussi. Il ira chercher le sens de toute chose hors de la réalité. 

2 Les deux acteurs dansent, miment et chantent. Leur complicité est palpable, leurs jeux imbriqués. 
Harold Crouzet possède la grâce un peu lunaire que le spectacle requière. Il met en mouvements l'absurde et la violence, avec cocasserie, ses danses rappelant les improvisations désordonnées et sérieuses des enfants. 
Aline Lebert est l'alter-ego du personnage, le révélateur de la fable. Il y a dans son jeu une présence particulière qui donne aux facéties qu'elle déploie (et il y en a...), une force de conviction particulière. Et il y a sa voix. Le timbre très clair au service d'une belle diction.

3 La mise en scène, pour illustrer l'époque, associe à  la liberté des mots l'expression des corps sur des musiques de Stravinski, Tchaikovsky....
Idem pour les toiles peintes en fond de scène et les costumes, qui font référence aux coloris de Malevich. 

4 L'introduction et la conclusion sont parfaitement bienvenues pour mieux comprendre la portée des propos de l'auteur. 

Quelques réserves

La représentation serait tout aussi convainquante avec quelques minutes de moins. 
 

Encore un mot...

Un spectacle de qualité qui est aussi un manifeste de résistance. Malgré son humour, le poète Daniil Harms n'écrit pas pour rire et il perdra bientôt sa vie dans le monde déréglé et sanglant de la Russie totalitaire. De son immense talent on retient une musique, une langue en équilibre, des récits cyniques et burlesques.

Une soirée à ne pas manquer. 

L'auteur

Daniil Harms (c'est un pseudonyme) est un poète, dramaturge et épistolier russe (1905-1942).  

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