Le Tombeur
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Thème
Un mari jaloux menace de mort un séducteur, s'il ne rompt pas avec sa femme.
Problème: le séducteur a plusieurs maîtresses et ne comprend pas de laquelle il s'agit.
Place au carrousel...
Points forts
1 Le scénario et le texte.
- Un scénario bien ficelé, sans temps morts, articulé autour des singularités de chacune des quatre maîtresses, convoquées l'une après l'autre.
- une bonne analyse de la lâcheté dont les hommes peuvent être capables en amour. C'est une femme qui vous le dit...
- le happy end, traditionnel dans les pièces de boulevard, est d'une certaine subtilité (je vous laisse la surprise).
2 La mise en scène.
Jen-Luc Moreau, c'est le "Pape" français de la mise en scène de boulevard. Avec lui, comme presque toujours, pas de fioritures, ça va vite, ce qu'il y a de bon dans le texte est exploité à fond...
3 L'interprétation.
- Comme à son habitude, Michel Leeb porte la pièce sur ses épaules. Il fait preuve d'une présence exceptionnelle, quelle que soit la facette de son personnage mise en avant: séducteur, timoré, lâche etc...
Il est vraiment capable de tout faire: grimaces, mime, chant etc...
Le public est sous le charme.
- Les acteurs sont près d'une dizaine et, pour notre plus grand plaisir, ils sont manifestement contents de jouer ensemble, "en équipe".
- Outre la performance de Michel Leeb, celle que j'ai le plus appréciée, c'est celle de Camille Solal, dans le rôle d'une femme de ménage qui finit par devenir hilarante.
Quelques réserves
Lamoureux, Moreau, Leeb: rien que du lourd. Et pourtant...
1 D'abord, beaucoup de choses, depuis la création de cette pièce en 1958, ont été vues et surexploitées comme ressort comique au théâtre.
2 On a du mal à croire que ce mari-là puisse être le compagnon de l'une des quatre maîtresses de Michel Leeb, qui sont vraiment de 'jolis petits lots"...
Encore un mot...
Personnellement, je considère Michel Leeb comme le meilleur comédien français dans l'emploi de séducteur, clé de voûte du Théâtre de Boulevard. Il me semble - et je vais peut-être vous étonner - que la meilleure voie pour lui, désormais, au lieu d'être à la merci de productions aléatoires de ce genre de théâtre, serait d'entrer à la Comédie-Française, où il pourrait devenir, en quelque sorte, le parrain de l'une des dernières et judicieuses recrues, Laurent Lafitte.
Même chose, soit dit en passant, pour Isabelle Adjani. Cela nous éviterait de la voir gaspiller son talent comme elle l'a fait en 2014...
Une phrase
Parmi les quelques bons mots de la pièce, celui-ci, au sujet du mari cocu, radicalement chauve: "Il est coiffé comme un genoux"...
L'auteur
Grande figure de l'univers comique des années 50-80, Robert Lamoureux était, avec cette voix qui raclait goulûment le fond de l'estomac, un artiste complet:
- Maître de ce qu'on n'appelait pas encore le One Man Show (cf. son sketch "La Visite du Colisée").
- Remarquable acteur ("Papa, Maman, la Bonne et Moi, en 1954; film à grand succès, de Jean-Paul Le Chanois).
- Metteur en scène à succès (la série de ses trois films sur la "Septième Compagnie").
- Et, donc, auteur de théâtre ("Le Tombeur"; mais aussi "Le Charlatan", pièce également reprise en ce début 2015, au Théâtre Tête d'Or).
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