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Thème
"Survivre à la solitude"
Dans un square, vont se rencontrer une jeune-fille et un homme, plus tout jeune. Deux univers. Ils vont lier une conversation, évoquer leurs aspirations, leur vie et tenter de se comprendre. Au travers de l'échange de confidences sur leurs souffrances quotidiennes, ils se découvrent...
Une passion commune pour la danse permettra peut-être que naisse cet "autre chose" qui leur redonnera vie ?
Points forts
1 Un texte qui met en scène l'âme de deux individus infiniment solitaires et écrasés par la vie. La discussion qu'ils engagent va leur permettre de mettre au grand jour ce qui en eux ne demande qu'à être partagé.
Tout les sépare pourtant, leur regard sur l'existence comme leurs souhaits.
Elle est jeune et enfermée dans la haine de son "état" dont elle ne voit pas d'autre issue pour exister qu'une rencontre avec un homme qui l'épousera. Elle le cherche chaque samedi au bal du quartier.
Il est plus âgé et sans illusions sur lui même et la vie, la mort. Lui, l'éternel voyageur qui "mange presque tous les jours à sa faim", vendeur de "petites choses", a été tenté un jour par le suicide... Pourtant il a su capter (pour pouvoir continuer) des plaisirs simples qu'offre la vie de nomade à ceux qui savent regarder (la beauté des villes au soleil, d'un jardin zoologique, de la lumière "jaune de miel" et de la mer bleue...).
Ils vivent une halte dans le temps comme une fulgurance de douceur dans leurs quotidiens rongées par le "rien".
2 Les deux acteurs en présence sont saisissants de vérité. Leurs personnages vont exprimer les souffrances de chaque jour, la résignation de l'un et la violence de l'autre avec une humanité vibrante. Leurs gestes et attitudes y concourent.
Clotilde Mollet est bouleversante en "bonne à tout faire" au visage figé, arquant sa volonté et son énergie vers son unique rêve, enracinée dans ses idées mais s'ouvrant progressivement aux propos de son interlocuteur. Ses rares sourires sont un rayon de soleil perçant l'austérité du personnage.
Didier Bezace, infiniment séduisant, tout en nuances et en subtilité, évoque une belle figure d'homme. Il est ce voyageur de commerce émouvant, solitaire et presque misérable qui a réussi à "se faire une raison de tout" mais qui partage toutefois, avec la volonté de convaincre, des souvenirs qui lui ont parfois permis de faire une halte et de se ressourcer.
3 La mise en scène du même Didier Belzace est sobre à l'extrême, rien ne détournant de l'essentiel.
La salle partage un merveilleux moment de légèreté lorsque l'homme entraîne avec fougue la jeune fille dans une danse endiablée qui transforme leurs personnages.
Les cris d'enfants et les chaises de square empilées dans un coin, nous happent vers ce jardin imaginaire. Lui, déplaçant sa chaise à plusieurs reprises et se rapprochant progressivement d'elle, aide le public à percevoir le crescendo de l'échange.
Quelques réserves
Je n'en vois pas.
Encore un mot...
Une pièce portée à l'excellence. Marguerite Duras aurait été heureuse de voir ce spectacle, comme nous l'avons été. La salle fait une ovation plus que méritée aux interprètes. L'émotion est palpable.
Et retrouver ce sanctuaire qu'est le théâtre de l'Atelier est toujours un vrai plaisir...
L'auteur
Marguerite Duras écrivit "Le Square" en 1955. La pièce fut représentée pour la première fois en 1957.
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