Le Rendez-vous
Déconseillé aux moins de 16 ans
Durée : 1h15
Infos & réservation
Thème
Une seule en scène, sous forme d’une séance chez un gynécologue, le docteur Seligman, pour un changement de sexe vire à la séance de psychanalyse, interrogeant la culpabilité allemande des générations post-Hitler soumises à une dénazification continue.
Cette thérapie nationale vertueuse devient elle-même une source intarissable de traumatismes familiaux et sociaux, mêlant en d’épineuses questions d’inextricables problèmes : sexe, nazisme, filiation et genre.
Points forts
L’interprétation incandescente de Camille Cottin qui vit, pense, danse et respire un texte très expressif voire poétique, malgré sa crudité.
Une mise en scène d’une apparente simplicité, esthétique et spectaculaire, dans les plis d’un gigantesque rideau de théâtre, unique élément du décor qui suit les pulsations du récit.
Le ton intimiste du monologue, constitué de confidences imaginées sous la forme d’associations de pensées, imitant le cadre d’une cure psychanalytique, emprunte à tous les registres - de la gravité à la provocation - sans jamais perdre de vue l’autodérision salvatrice.
Quelques réserves
Aucune.
Encore un mot...
Ce qu’il reste de ce que le nazisme promettait aux Allemands, fascinés par Hitler, n’est guère mesurable, même s’il est évident que ce passé européen hante encore l’humanité par la démesure des crimes perpétrés.
Changer la société allemande d’après-guerre pour se débarrasser des cadres mentaux oppressants fait écho aux souffrances de la narratrice-patiente, homme coincé dans un corps de femme, qui ne peut vivre sans évoquer les similitudes décelées entre la mise au pas nazie et les rigides conventions sociales qui exigent que les filles restent filles et les garçons des garçons.
Une phrase
« Je sais que le moment n’est sans doute pas le mieux choisi pour évoquer ce sujet, Dr Seligman, mais je viens de me rappeler qu’une nuit j’ai rêvé que j’étais Hitler. Ça me gêne horriblement d’en parler, encore maintenant, mais j’étais lui pour de vrai, surplombant une foule de partisans fanatiques, en train de prononcer un discours du haut d’un balcon. Vêtu du fameux uniforme avec le drôle de pantalon bouffant, je sentais la petite moustache au-dessus de ma lèvre supérieure, et ma main droite faisait de grands moulinets en l’air tandis que ma voix mettait tout le monde en transe. "
" Le mot plaisir n’existe pas en allemand. »
« La mort est silencieuse. »
« Un Juif vivant, c’est quelque chose de diablement excitant pour un Allemand. »
« Changer de corps pour en finir avec l’histoire du nazisme. »
L'auteur
Née en Allemagne en 1987, Katharina Volckmer s'est installée à l'âge de 19 ans à Londres, où elle travaille aujourd'hui pour une agence littéraire après des études sur la littérature allemande et anglaise à Queen Mary, puis une thèse, à Oxford, sur Jakob Wassermann, un écrivain juif allemand contemporain de Thomas Mann.
Son premier roman, Jewish cock, publié en français chez Grasset en 2021, a connu un accueil exceptionnel dans le monde entier et fut considéré comme l’un des meilleurs livres de l’année par The Times Literary Supplement. Son second roman - en cours de traduction dans de nombreux pays – Wonderfuck a paru en janvier 2024, et confirme le succès de cette romancière.
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