Le projet Marivaux

Triomphe de l’amour et de la jeunesse !

D’après La Mère confidente de Marivaux

Par la Compagnie des 400 coups
Durée : 1h30

Mise en scène

Jean-Marie Ledo

Avec

Valentine Daruty, Jean-François Labourdette, Jean-Marie Ledo, Anthony Longhi, Laurent Moulin, Natacha Simic, Juliette Stevez

Notre recommandation

4/5

Infos & réservation

Guichet Montparnasse

15 rue du Maine

75014

Pars

01 43 27 88 61

Du 14 janvier au 31 mars 2024. Les dimanches à 20h

Thème

Le Projet Marivaux est un hommage au théâtre : Jean-Marie Ledo a fait le choix de mettre en scène les répétitions de La Mère confidente de Marivaux, une comédie en trois actes créée en 1735.
Moins connue que d’autres pièces de Marivaux, celle-ci est centrée sur un trio, Angélique, Madame Argante, sa mère protectrice qui se veut son amie et confidente pour mieux se faire obéir, et Dorante, un jeune homme sans biens, aimé par Angélique. Autour d’eux évoluent d’autres personnages, tels la soubrette Lisette grâce à qui Angélique et Dorante se sont rencontrés, Ergaste, l’oncle du jeune homme, et Lubin, un paysan peu scrupuleux, au service de Madame Argante. • L’histoire s’achève par le triomphe de l’amour, lorsque tous consentent aux désirs d’Angélique et de Dorante de se marier. Avant ce dénouement heureux, il est question de la possibilité de vivre un amour en dépit des codes sociétaux et des craintes légitimes d’une mère.

Points forts

L’interprétation de l’ensemble des comédiens :
- Valentine Daruty et Anthony Longhi ont prêté leur jeunesse à Angélique et Dorante, qu’ils incarnent avec sincérité, justesse et émotions ;
- Juliette Stevez campe avec douceur une mère qui se veut à la fois protectrice et respectueuse de la liberté de sa fille ;
- Natacha Simic donne à Lisette force et brio ;
- Laurent Moulin a imaginé un Ergaste étrange et maladroit, qui retient l’attention ;
- Jean-François Labourdette ne s’est peut-être pas autorisé assez de liberté pour donner corps à un Lubin truculent ;
- quant à Jean-Marie Ledo, il joue son propre rôle, celui du metteur en scène qui guide les comédiens.
La langue à la fois légère et recherchée de Marivaux, ainsi que son sens délicat de la psychologie humaine.

Quelques réserves

L’idée de mettre en scène les répétitions de la pièce n’est peut-être pas assez affirmée, puisque Le Projet Marivaux nous donne avant tout à voir et à entendre La Mère confidente, sans que la troupe ne discute vraiment du sens qu’elle souhaite lui attribuer.
Mais, dans sa déclaration d’intention, Jean-Marie Ledo remercie avant tout les artistes qui l’ont accompagné et, de ce fait, il s’efface quelque peu devant la présence scénique des comédiens.

Encore un mot...

Si la pièce de Marivaux demeure ancrée dans les codes de la société du XVIIIe siècle, sa transposition dans les années 1960 vient nous rappeler à quel point les jeunes filles étaient encore assujetties aux peurs de leurs mères à cette époque.

Une phrase

Madame Argante : « Son époux, Monsieur, suffit-il d'en prendre le nom pour l'être ? Et de quel poids, s'il vous plaît, serait cette foi mutuelle dont vous parlez ? Vous vous croiriez donc mariés, parce que, dans l'étourderie d'un transport amoureux, il vous aurait plu de vous dire : “Nous le sommes“ ? Les passions seraient bien à leur aise, si leur emportement rendait tout légitime. »

L'auteur

Né Pierre Carlet, Marivaux (1688-1763) a dédié son œuvre aux méandres de l’amour et, en observateur de la société du XVIIIe siècle, il en a évoqué toutes les nuances et les troubles, dans un style à la fois libre, original et sophistiqué. • Ses pièces de théâtres ont remporté pour certaines un grand succès populaire : La Surprise de l'amour (1722), La Double inconstance (1723), Le jeu de l'amour et du hasard (1730) et Les Fausses confidences (1737) en sont quelques exemples.
Citons Sainte-Beuve : « Marivaux a donné la dénomination à un genre, et son nom est devenu synonyme d'une certaine manière ; cela seul prouverait à quel point il y a insisté et réussi, Marivaudage est dès longtemps un mot du vocabulaire. »