Le père Goriot
Durée 1H35
Infos & réservation
Thème
Comment réussir quand on est jeune et sans argent : Faut-il miser sur les études ? Les relations mondaines ? Le crime ? Emporté dans le tourbillon du monde parisien, Rastignac tâtera de ces trois voies.
Quand, partant de rien, on veut s’élever en société, l’histoire de l’ascenseur social est ici posée en miroir, et l’on voit comment une réalité peut conduire un individu à toutes les compromissions pour atteindre son but (qui serait aujourd’hui un minimum de confort).
Points forts
L’intelligence et le dynamisme de l’adaptation, porté par un souci de modernité sans abîmer l’œuvre.
Le rythme donné par la mise en scène. L’adaptation de David Goldzahl s’ingénie à nous présenter ce destin sous une forme qui se rapproche du rythme des séries . Des séquences courtes rythmées, un dialogue incisif, un jeu au scalpel pour identifier rapidement les nombreux protagonistes. C’est malin par sa conception scénique même, réduite à des panneaux et des portes, transparentes ou opaques au besoin.
- La richesse de ce spectacle vient en grande partie de ses interprètes. Une fois de plus, Delphine Depardieu fait montre ici d’un talent polymorphe et d’une force d’incarnation à chaque caractère qu’elle joue. De la victime à l’intrigante, elle hypnotise ses partenaires et ses proies, doublée d’une narratrice au timbre percutant. Il faut distinguer également l’interprétation remarquable de Jean-Benoît Souilh – que l’on connaît plus par le biais de la télévision- mais qui est un extraordinaire comédien de théâtre à la présence magnétique, qui donne tour à tour à ses personnages, la douleur, la veulerie, l’insolence ou le charme (dans le personnage de Vautrin notamment - qui rappelle le jeu de Marcel Herrand dans le Lacenaire des Enfants du paradis. Pour compléter la distribution enfin, Duncan Talhouët compose un Rastignac, qui tel le papillon à la lueur de l’ampoule ira se brûler les ailes à la clarté d’un monde sans pitié.
Quelques réserves
Il faut bien soutenir son attention en raison de la multiplicité des personnages campés par seulement trois comédiens.
Encore un mot...
Palpitant ! C’est l’occasion de redécouvrir Balzac dans une conception qui allie modernité et classique avec finesse et brio. Revisitez les classiques de cette façon donne envie de se replonger dans l’œuvre… Merci à tous !
Une phrase
- « Une rapide fortune est le problème que se propose de résoudre en ce moment 50 000 jeunes gens qui se trouvent tous dans votre position, vous, vous êtes une unité de ce nombre là. Il faut vous manger les uns les autres comme des araignées dans un pot étend donné qu’il n’y a pas 50 000 bonnes places. »
- « Le secret des grandes fortunes sans causes apparentes est un crime oublié parce qu’il a été proprement fait. »
- « Savez vous comment on fait son chemin ici ? Par l’éclat du génie ou par l’adresse de la corruption. Il faut entrer dans cette masse d’homme comme un boulet de canon ou s’y glisser comme une peste. L’honnêteté ne sert à rien. »
- « N’utilisez les hommes et les femmes que comme des chevaux de poste que vous laisserez crever à chaque relais, vous arriverez ainsi au faîte de vos désirs. »
L'auteur
Honoré de Balzac (1799-1851) est un écrivain français. Romancier, critique d'art, dramaturge, critique littéraire, essayiste, journaliste et imprimeur, il a laissé l'une des plus imposantes œuvres romanesques de la littérature française, avec plus de quatre-vingt-dix romans et nouvelles parus de 1829 à 1855, réunis sous le titre de La Comédie humaine. À cela s'ajoutent Les Cent Contes drolatiques, ainsi que des romans de jeunesse publiés sous des pseudonymes et quelque vingt-cinq œuvres ébauchées
Il est un maître du roman français, dont il a abordé plusieurs genres, du roman philosophique avec Le Chef-d'œuvre inconnu au roman fantastique avec La Peau de chagrin ou encore au roman poétique avec Le Lys dans la vallée. Il a surtout excellé dans la veine du réalisme, avec notamment Le Père Goriot et Eugénie Grandet.
Comme il l'explique dans son avant-propos à La Comédie humaine, Balzac a pour projet d'identifier les « espèces sociales » de son époque, tout comme Buffon avait identifié les espèces zoologiques. Ayant découvert par ses lectures de Walter Scott que le roman pouvait aspirer à une « valeur philosophique », il veut explorer les différentes classes sociales et les individus qui les composent afin d'« écrire l'histoire oubliée par tant d'historiens, celle des mœurs » et de « faire concurrence à l'état civil ».
L’adaptateur et metteur en scène David Goldzahl découvre le théâtre dans l’atelier dirigé par Corinne Juresco aux Gémeaux/Scène Nationale de Sceaux. Il se forme à la mise en scène et fait son apprentissage à Paris. Il travaille comme assistant à la mise en scène et fonde la compagnie des Apprentis de l’Invisible.
Toujours à l'affiche
Ajouter un commentaire