Le Pavé Dans La Marne

Décidément, ces temps-ci, la Grande Guerre n'a pas bonne presse
De
Jean Paul Faré
Mise en scène
Ivan Morane
Avec
Jean Paul Faré et, au violon, Muriel Raynaud
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Le Lucernaire
53 rue Notre Dame des Champs
75006
Paris
01 42 22 66 87
Jusqu’au 3 décembre du mardi au samedi à 18h30, le dimanche à 15h

Thème

Jean Paul Farré a écrit un texte fort sur sa vision de la guerre de 14. Il revisite cette période à sa manière, non avec les yeux d’un militaire ou d’un politique, mais avec ses yeux d’homme, de pacifiste. Il n’hésite pas à bousculer nos certitudes en partant de l’hypothèse que la guerre de 14 s’est arrêtée lors de la bataille de la Marne, au cours de laquelle l’un de ses deux grands-pères, mobilisés en même temps en août 14, a été tué, l’autre ayant été épargné. En fait, ce texte, il le dédie à Adrien et Alfred qui ont vécu cet enfer au risque de perdre leur vie…

Points forts

1 On est tout de suite à l’écoute de ce comédien qui nous emmène directement au « cœur » de cette guerre. Ses causes, les évènements qui l’ont déclenchée, la bêtise des décideurs, la gesticulation des diplomates, des théoriciens de tous poils.

2 On se retrouve sur les bancs de l’école et on assiste à un cours d’histoire  comme on aurait aimé en avoir lorsque nous étions enfants. Grâce à une grande carte colorée, comme celles que l’on a connues, Jean Paul Farré nous montre, avec une grande clarté, le jeu des influences, de l’Autriche-Hongrie à la Serbie, de la Russie à l’Autriche Hongrie, puis de l’Allemagne à la Russie, de la France à l’Allemagne, et enfin de l’Angleterre qui ne veut pas être en reste. Et c’est ainsi que la poudrière a explosé. Tout cela Farré le raconte avec beaucoup d’esprit, de finesse. On ne s’ennuie pas une seconde.

3 La mise en scène est toute simple. Une scène sur la scène qui représente le terrain de guerre avec quelques images et ombres chinoises, et à côté de la scène, une femme qui coud dans l’ombre, qui parait attendre le retour d’un être aimé, ou être en deuil… la vie à côté de la guerre. Mais cette femme est aussi une violoniste qui accompagne Jean Paul Farré tout au long du récit, donnant une forte résonance à ses propos et  rappelant les musiciens dans les tranchées.

4 Mais c’est aussi un spectacle très émouvant car on comprend les motivations de son auteur. Si la guerre s’était arrêtée après la bataille de la Marne, combien de morts, combien de drames collatéraux auraient été évités: c’est au fond  cela qu’il veut nous faire partager comme idée. 

Ce n’est pas de l’antimilitarisme primaire, Farré laisse juste parler son âme. Et il émeut.

Quelques réserves

Je pense que des historiens auraient des choses à redire, mais dans le contexte évoqué, ce n'est pas le plus important…

Encore un mot...

- Délicieux comédien, qui a plutôt la réputation de faire rire, Jean Paul Farré rappelle là qu'il a une vraie capacité à nous émouvoir.

- Voilà une bonne manière de marquer le centenaire de la Première Guerre Mondiale qui, ce spectacle le montre, après "Au revoir là haut", au cinéma, et "Le Chemin des Dames", également au théâtre, n'a pas bonne presse ces temps-ci...

Une phrase

« Oui, je persiste et signe, le miracle de la Marne n’a pas eu lieu… C’est peut-être dommage pour les historiens, mais mieux pour le nombre de soldats qui ne sont pas morts inutilement pour la Patrie au champ d’honneur »

L'auteur

Jean Paul Farré est né à Paris, Rue du Théâtre !

Il a beaucoup joué au théâtre sous la direction des plus grands comme Jean Michel Ribes, Jerôme Savary, Jean Pierre Vincent, Alain Sachs… Aussi bien des rôles du théâtre classique que contemporain.

En 2010 il a obtenu le Molière du théâtre musical pour son spectacle, Les 12 Pianos d’Hercule, car c'est aussi un excellent musicien.

Il a également joué  dans de nombreux longs-métrages, sous la direction de Doilon, Tavernier, Mocky, Blier, Zidi etc...

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