Le Misanthrope de Molière
Infos & réservation
Thème
- Alceste, épris de vérité et de franchise, ne tolère aucun compromis vis-à-vis des autres : les courtisans, son ami Philinte pour qui « Il faut de par le monde une vertu traitable », les juges, et la femme qu’il aime, Célimène, une grande coquette. Il vit dans « un douloureux entre-deux » dont il est bien difficile de sortir.
- Et la comédie devient grinçante. Alceste refuse de louer le sonnet d’Oronte, qui va le trainer en justice, refuse d’aller voir les juges pour se les concilier et perd son procès. Il s’oppose aux petits marquis qui le prennent de haut et jurent de se venger.
- Mais quand Célimène est prise à son propre piège par les lettres qu’elle a envoyées à chacun de ses admirateurs, il est prêt à lui pardonner et l’emmener avec lui « au désert ». Mais si elle accepte de l’épouser, elle refuse de s’enterrer « à vingt ans » dans une campagne lointaine. Alceste va s’en aller seul, à moins que Philinte et Eliante ne réussissent à l’en dissuader. L’avenir est sombre, mais reste ouvert.
Points forts
- C’est une adaptation en demi-teinte d’une pièce de Molière : le texte est intégralement respecté, avec lui sa belle langue, mais c’est l’âge des personnages qui est modifié : Célimène a cinquante ans tandis que les autres personnages ont bien pris vingt ans dans l’aventure. Alceste a pris du poids et des cheveux blancs, Philinte est entre deux âges, Oronte a une bonne cinquantaine aussi, comme les autres petits marquis. Ce parti pris a des conséquences heureuses et malheureuses (voir nos réserves). D’un côté, l’objectif est de montrer que la pièce de Molière est éternelle, que la nature humaine ne varie pas, que les travers restent les mêmes sous des formes différentes, que les aspirations des hommes sont semblables malgré des époques et des âges divers
- Le décor, très minimaliste, représente un salon austère de n’importe quelle époque.
- Les costumes des femmes sont intemporels, ceux des hommes sont modernes et dépouillés ; tous sont noirs, sauf celui d’Acaste, plus lumineux.
Quelques réserves
- Ce changement d’âge crée des invraisemblances. D’abord par rapport au texte, où il est fait plusieurs fois allusion aux vingt années de Célimène.
- Ensuite, ce jeu permanent convient mieux à des gens de vingt à trente ans qu’à des gens de cinquante et plus. Dans la pièce, Célimène est une jeune veuve, à qui ce statut donne une grande liberté. Sa coquetterie et son côté tourbillonnant s’adaptent mieux à une jeune femme qu’à une quinquagénaire qui, de plus, n’est pas particulièrement élégante
- La fin est plus triste quand les personnages sont plus âgés : si Célimène refuse de suivre Alceste, à cinquante ans - surtout cinquante ans du XVIIème siècle - elle risque de se retrouver très seule et le dénouement est ainsi plus sombre. Quant à Alceste, il semble arriver à la fin de sa vie. On est loin de la comédie !
Encore un mot...
C’est une tentative intéressante, et l’on se prend malgré tout au jeu. Avoir gardé le texte dans son intégralité est une gageure quand les personnages semblent si différents de ce qu’on voit d’habitude, et on en oublie même « l’homme aux rubans verts. »
Une phrase
Philinte : « Vous voulez un grand mal à la nature humaine !
Alceste : Oui, j’ai conçu pour elle une effroyable haine.»
[…]
Alceste : « Non, l’amour que je sens pour cette jeune veuve
Ne ferme point mes yeux aux défauts qu’on lui trouve.
Et je suis, quelque ardeur qu’elle m’ait pu donner,
Le premier à les voir comme à les condamner. »
[…]
Célimène : « La solitude effraie une âme de vingt ans…
Si le don de ma main peut contenter vos vœux,
Je pourrai me résoudre à serrer de tels nœuds…
Alceste : Puisque vous n’êtes point, en des liens si doux,
Pour trouver tout en moi comme moi tout en vous,
Allez, je vous refuse… "
L'auteur
- Molière (1622-1673) est un grand auteur de comédies et de farces. D’abord en province puis à Paris, il a joué ses pièces avec le soutien de Louis XIV, en particulier quand il s’est attaqué aux faux dévots, comme dans Dom Juan et surtout Tartuffe
- Le Misanthrope (1666) reflète bien son pessimisme sur la nature humaine, auquel il donne tout de même un air de comédie, souvent grinçante. Mais il a écrit aussi de nombreuses pièces qui sont des satires de travers de son époque, comme Les Femmes savantes, Le Bourgeois Gentilhomme, Le Malade Imaginaire, ainsi que des farces comme Les Fourberies de Scapin et Les Amants magnifiques.
Ajouter un commentaire