Le mandat
Durée : 2h15
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Thème
Dans les années 1920, la Russie, bouleversée par la révolution bolchévique, est une société en pleine mutation. Dans ce cataclysme, deux familles tentent de survivre et de conserver leur place : les Goulatchkine, à l’esprit petit-bourgeois postrévolutionnaire, et les Smétanitch, nostalgiques de l’ordre ancien.
Une seule solution pour survivre dans ce monde où ils n’ont plus leur place : marier la fille Smétanovitch au fils Goulatchkine, chargé d’entrer au Parti pour obtenir le “mandat“ qui assurera la sécurité des deux familles.
S’ensuit une cavalcade de quiproquos et de retournements de situations, de faux-semblants et de certitudes battues en brèche qui créent un désordre inimaginable.
Points forts
L’auteur réussit à merveille à exprimer dans cette comédie le malaise et le désarroi dans lesquels se débattent ses personnages. Il y a du Gogol dans cette satire puissante qui les plonge dans la tourmente. Ici tout est faux et irréel, grotesque et imprévisible. La farce fait la part belle à l’absurde autant qu’à la sincérité des hommes et des femmes qui la jouent comme si leur vie en dépendait.
La mise en scène de Patrick Pineau illustre à merveille l’aspect subversif du texte de Nicolas Erdman et ses préjugés de classe avec la force comique d’une œuvre qui sera interdite par la censure : dans un tourbillon burlesque, les personnages s’agitent et se démènent comme de beaux diables pour s’assurer un avenir dans un monde où ils ont perdu tous leurs repères.
- Patrick Pineau travaille avec sa compagnie Pipo depuis plus de trente ans. Autour de lui, treize comédien-ne-s s’en donnent à cœur joie, avec une incroyable générosité. Sans jamais tomber dans le cabotinage d’un théâtre de boulevard mais avec justesse et une précision d’orfèvres, chacun-e joue une partition collective et jubilatoire.
Quelques réserves
- Pas de réserve.
Encore un mot...
On peut apprécier la pièce pour sa double lecture : un portrait à charge de la bourgeoisie tournée en ridicule, et la représentation glaçante d’un totalitarisme grandissant.
En traitant avec la même sincérité bourgeois et révolutionnaires, le dramaturge les renvoie dos à dos avec la même verve décapante.
Une phrase
Pavel Serguéïevitch : « Mais ma gentille maman, ça se fait de donner en dot un communiste ?
Nadejda Pretrovna : Si on le prend bien sûr, ça ne se fait pas mais si, pour ainsi dire, on le prend chez soi, à la maison, personne ne peut l’interdire. »
L'auteur
Nicolas Erdman (Nikolaï Robertovitch Erdman) est né à Moscou le 16 novembre et mort le 19 août 1970 dans la même ville.
Le mandat, sa première œuvre, est créée en 1925, à Moscou, dans la mise en scène de Vsévolod Meyerhold. Elle y est jouée 350 fois, puis dans plusieurs grandes villes et à Berlin en 1927. Elle est interdite par les autorités soviétiques en 1930 et connaîtra les «gels» et « dégels» politiques de l'URSS, avant de paraître dans une publication russe en 1987.
Sa seconde pièce, Le Suicidé, est reportée puis interdite.
Après la Seconde Guerre mondiale, il continue à écrire des scénarios, une trentaine au total, et reçoit le prix Staline en 1951 !
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