Le côté de Guermantes
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Thème
• La pièce décrit les relations que tente de nouer le jeune Marcel Proust avec la brillante société du « boulevard Saint-Germain », personnifiée par la duchesse Oriane de Guermantes, qui le fascine.
• Autour d’elle s’agitent une aristocratie inaccessible qui devient subitement à la portée du jeune Marcel, lorsque sa famille emménage dans l’hôtel particulier des Guermantes.
• L’auteur, présent sur scène au milieu de ses personnages, y croise une galerie de personnalités aux noms évocateurs : le duc de Guermantes, le baron de Charlus, la Princesse de Parme, le Marquis de Norpoix, la marquise de Villeparisis, mais aussi Charles Swan (celui de l’ « autre côté ») ou son ami le marquis de Saint-Loup et sa maîtresse Rachel, toutes et tous grandes figures de la saga proustienne.
Points forts
• Qui d’autre que la Comédie Française pour avoir l’ambition et les moyens qui l’accompagnent afin de monter un tel spectacle ? Dix-neuf comédiens exceptionnels, tous membres de la troupe du « Français » enfilant comme une seconde peau les rôles de cette impressionnante galerie de personnages ; une comédie humaine où les multiples interactions entre ces personnalités témoignent d’une consanguinité sociale que les acteurs rendent à la perfection. La scène de la danse finale illustre parfaitement la décomposition et l’inadaptation de la noblesse en ce début de XXème siècle.
• Des tirades de Charlus aux fadaises assénées à cent à l’heure par le Duc de Guermantes, en passant par la séduction permanente d’Oriane de Guermantes, si ridicule à force de vouloir plaire, tous les rôles sont magnifiquement interprétés. Au point que même le grand blond à mèche qui campe le jeune et chétif Marcel finit par emporter l’adhésion !
• L’adaptation de Christophe Honoré et les partis pris de mise en scène l’ont conduit à s’appuyer sur des scènes fortes qui rythment le récit : une soirée chez les Guermantes ; scène de ménage entre Saint-Loup et Rachel ; entrevue entre Marcel et Charlus ; visite de Swann … S’y déploie la fascination de Marcel pour l’aristocratie, dont il tente de se faire accepter. En parallèle, rien de ce qui la rend inutile, risible et détestable ne nous est épargné. Le spectacle évolue en permanence entre ces deux pôles, et fait de ce Côté de Guermantes une sorte de ménagerie où le dompteur rêverait de devenir un animal.
• Et même si ce n’est qu’un détail, il est révélateur de la capacité de Christophe Honoré à utiliser tous les éléments scéniques à sa disposition. La grande salle du théâtre Marigny s’ouvre, par une porte située au fond de la salle, sur les jardins des Champs Elysées où le jeune Marcel Proust jouait enfant. Ce passage, tout à fait inhabituel dans les théâtres, crée un lien entre l’hôtel des Guermantes et l’extérieur, un passage entre le théâtre et la réalité, l’irruption de la vie dans un dispositif monté de toute pièce, synonyme de va et vient permanent des acteurs.
Quelques réserves
• Difficile comme le dit d’ailleurs lui-même Christophe Honoré d’adapter Proust ; les aficionados de Proust seront peut-être choqués par l’introduction d’éléments pas toujours convaincants (chansons de variété, chorégraphie plus ou moins réussie, et même un perchman sur scène).
Encore un mot...
Pour sa première mise en scène avec la troupe du « Français », le très éclectique Christophe Honoré adapte Marcel Proust pour en faire un spectacle foisonnant qui plonge aux origines du texte : un monde qui disparaît, raconté par un observateur envouté à qui rien n’échappe.
Une phrase
Christophe Honoré, dans sa lettre aux comédiens indique : « Je crois que c’est en offrant à ce texte des reflets d’aujourd’hui que nous lui serons le plus fidèles. En visant délibérément l’inachèvement, comme si le temps avait manqué, nous dirons notre joie à interpréter une œuvre toujours dans l’effervescence de sa délivrance.
“J’ai tant à dire, ça se presse comme des flots“ écrivait Marcel Proust à 17 ans. Donnez-lui le pouvoir de nous en dire plus, ouvrons le plateau du théâtre Marigny où vous jouerez sur la ville, laissons entrer le bruit d’un soir parisien, des voitures, rumeurs des Champs-Elysées … Que la vie vienne à la rencontre de ce livre plus mouvementé et plus secret que tout. »
L'auteur
• Marcel Proust (1871 – 1922) a consacré toute sa vie à la rédaction d’À la recherche du temps perdu, dont Le côté de Guermantes est le troisième des sept tomes, publié en 1920 et 1921.
• Christophe Honoré, né en 1970, a commencé par écrire un livre pour enfants puis des romans et des scenarii, avant de passer à la réalisation de longs métrages et la mise en scène de pièces et d’opéras. Du côté de Guermantes est sa première collaboration avec la Comédie Française.
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