Le cinéma de Thomas Croisière Voyage en comédie
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Thème
Thomas Croisière - « personnalité préférée » des Français pour la 4ème année consécutive - est un homme modeste : nul ne sait qu’il a autorisé un obscur acteur américain à emprunter son nom (pour devenir Tom Cruise), mais tout le monde a pu constater sur un simple extrait comment Thomas, « même hors champ, habite le cadre… »
Cependant, Th. Croisière rencontre un petit souci : un fâcheux, opérant sur le #copygolri, le dénonce sur les réseaux sociaux comme auteur de plagiats à répétition. Qu’à cela ne tienne, l’accusé riposte et plaide coupable - « copieur oui, menteur non ! » - menaçant de faire tomber bien d’autres personnalités du 7e art avec lui.
En effet, il s’emploie - dans une conférence de presse où les meilleurs interviewers se disputent sa parole - à démontrer que la plupart des œuvres cinématographiques ne sont qu’emprunts (doux euphémisme), détournements, clins d’œil, voire copié-collés de films antérieurs, mais pas que….
Points forts
Dans cette conférence à la mise en scène dynamique et qui intègre nombre d’extraits bien calibrés de films ou d’émissions, Th. Croisière ouvre largement la focale et nous permet de constater que dans ce cinéma ordinaire et populaire :
nombre de réalisateurs « pompent » à tout-va, des affiches (Rambo first blood > Les Morfalous) jusqu’aux musiques (« Quand te reverrai-je ? » des Bronzés font du ski / Etoile des neiges), allant jusqu’à “détourner les détournements“ (OSS 117 s’inspirant de la série des Monocle, dans lesquels le film d’espions, grave et dramatique dans les films noirs américains, est tourné en dérision) ;
nombre de répliques “cultes“ resteront gravées dans nos mémoires, ainsi Marie Laforêt devant son mari mort électrocuté d’avoir uriné sur un fil à haute tension dans Les Morfalous (« C’est bien la première fois qu’il fait des étincelles avec sa b… ») ;
des plans fameux méritent le respect, que Croisière décortique avec gourmandise, ainsi la scène du triangle Bourvil – De Funès – Gabin dans La traversée de Paris (Cl. Autant-Lara, 1956).
Th. Croisière réhabilite ce « cinéma de copains » et ces comédies populaires, notamment celles des années 1970-80 qu’il affectionne tant, et dont il veut et sait nous faire partager la saveur dans un éloge qui n’est pas dépourvu d’esprit critique.
Chemin faisant, il nous remet en mémoire des réalisateurs à l’origine de “panouilles“ mémorables, comme Philippe Clair, régulièrement étrillé par Télérama, mais qui réussit à débaucher Jerry Lewis pour l’indépassable Par où t’étais sorti on t’a pas vu rentrer. Il évoque aussi ces acteurs du calibre d’Aldo Maccione, lequel fit sa toute carrière sur un accent italien zézayant et une démarche de macho improvisée dans L’aventure, c’est l’aventure (Claude Lelouch, 1972) et replacée ad nauseam dans l’insurpassable Plus beau que moi, tu meurs. Croisière n’a pas oublié qu’Aldo fit une incursion dans la chanson avec l’inoubliable La Classe ; comment l’en blâmer si l’on écoute ensuite Alain Delon faire du talk over sur le non moins navrant Comme au cinéma ? Mais Croisière, en amoureux éperdu des comédien-ne-s, nous rappelle immédiatement que Le Guépard se rattrape par un jeu de mimiques assez époustouflant où il se joue avec talent de l’ego surdimensionné qu’on lui prête (concluant la scène d’un retentissant « Ave moi ! ») dans Astérix aux Jeux olympiques.
Quelques réserves
Ici ou là, il y a des blagues un peu lourdes qui, si elles ne tombent pas toutes à plat, ne constituent pas une réelle plus-value pour un spectacle par ailleurs fort réjouissant sans cela.
C’est d’autant plus paradoxal que Th. Croisière lui-même développe une théorie assez pertinente sur « l’échelle de Michel Leeb » qu’il oublie parfois de s’appliquer…
Encore un mot...
- Th. Croisière, faisant sien l’adage du journal Pilote qui « s’amuse à réfléchir », reprend le flambeau de François Forestier, critique cinématographique au Film français puis au Nouvel Observateur et auteur du séminal Les 101 nanars.
Une phrase
- « De toutes façons, les années 80 sont plus fortes que toi ! »
L'auteur
Thomas Croisière, cinévore enragé, est du genre obstiné : on le découvre en jeune premier auquel Jacques Martin donne sa chance à la fin des années 1990 dans Sous vos applaudissements.
Ultérieurement, il intègre la bande d’On ne plaisante pas avec l’humour sous la houlette de Daniel Morin, puis délivre sur France Inter de savoureuses chroniques cinématographiques fonctionnant sur le principe du coq-à-l’âne.
Son Voyage en comédie a été créé en 2023 et connaît un réel succès depuis.
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