Le Cid
Durée du spectacle: 1h40
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Thème
Le Cid, premier grand succès de Corneille, est une tragi-comédie, c'est à dire une tragédie au dénouement non tragique.
Chimène et Rodrigue s'aiment, mais le père de Chimène donne un soufflet au père de Rodrigue. Son grand âge le conduit à remettre sa vengeance entre les mains de son fils, déchiré entre l'honneur de sa famille et son amour.
C'est une course à la grandeur où chacun veut défendre sa gloire. Rodrigue se bat, Chimène réclame sa tête au Roi. Mais celui-ci fait preuve de sagesse et laisse le temps faire pour permettre un mariage dans un an.
Cette tragi-comédie respecte en principe les règles du théâtre classique, mais ce n'est plus le cas dans la mise en scène: les règles de la bienséance sont effacées, puisque le Comte, père de Chimène, meurt en scène; et les effusions et baisers entre Chimène et Rodrigue ne manquent pas.
Plus surprenante est la transformation du roi en un personnage ridicule, qui tient de la grande folle et du bouffon, qui parle avec un cheveu sur la langue et prend des poses grotesques, ce qui n'empêche pas la sagesse de ses paroles...
Points forts
1) C'est une pièce passionnante, qui sous cette forme n'ennuie ni les petits-enfants ni les grand-parents.
2) La présentation de la pièce en 1h40 évite la lassitude.
3) La diction des acteurs, à la fois claire et moderne, permet de savourer les alexandrins les plus connus et les autres.
4) La mise en scène contribue à renforcer ce côté vivant: les deux duels éblouissants, les musiciens qui séparent les actes de la pièce, mais pas seulement, les mimiques et les gestes saccadés des suivantes, Elvire et Eleonore.
5) Tous les personnages ont du relief, que ce soit les héros Rodrigue et Chimène, mais aussi les personnages secondaires, les suivantes, mais même le roi, dont la représentation peut choquer au premier abord, mais qui apporte, en fait, un élément de détente, mêlé à beaucoup de sagesse.
Quelques réserves
J'en vois peu dans cette excellente version de la pièce classique. Le seul élément qui m'a heurtée au début est cette transgression vers le mélange des genres, avec la métamorphose du Roi en personnage ridicule: on est plus dans le burlesque que dans la tragédie classique. Mais en même temps, je le répète, cette innovation permet de faire passer dans le grand public les subtilités de l'honneur et de la gloire, ainsi qu'une certaine sagesse du roi; la pièce gagne en modernité ce qu'elle perd en rigueur par rapport aux sources.
Encore un mot...
C'est un régal de l'esprit de retrouver toutes ces situations et ces alexandrins célèbres avec une telle explosion de vie.
Une phrase
"L'honneur est un devoir, l'amour est un plaisir"
L'auteur
Comme chacun sait, Pierre Corneille est l'un des deux grands auteurs de tragédies classiques du XVIIème siècle, son rival étant Racine.
Il connut de grands succès avec Le Cid en 1637, Horace et Cinna en 1640, Polyeucte en 1642.
Son monde est celui des héros soucieux de leur "gloire" et le plus souvent conduits par la raison.
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