Le choix de Gabrielle
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Thème
• Léa, jeune anthropologue spécialiste des rites funéraires, surprend Laure - veuve d’un magistrat avec qui elle a vécu maritalement dans un bonheur parfait - en pleine conversation avec feu son mari devant la tombe de celui-ci, en plein cimetière de Bagnolet.
• Les deux femmes se lient vite d’amitié et en viennent à évoquer le cas de Gabrielle pour qui Laure, alors infirmière, s’est prise d’amitié, avant que Gabrielle ne décède d’un cancer du sein.
• Léa, orpheline de père et de mère, cherche alors à en savoir plus sur les circonstances du décès de Gabrielle, qui continuent de hanter sa nouvelle amie au soir de sa vie. Mais les dissimulations à ce sujet ne sont pas seulement imputables à Laure...
• Danielle Mathieu-Bouillon, qui a écrit cette pièce, collabore à Culture-tops, ce qui place évidemment l’auteur de cette chronique dans une situation potentiellement inconfortable… sauf à considérer qu’en toute circonstance il faille « appeler un chat un chat », ce à quoi l’on s’est employé dans les lignes qui vont suivre....
Points forts
• Cette pièce évoque d’abord avec une grande finesse les différentes facettes de la mort - deuil de l’autre, acceptation du manque et de l’absence - jusque dans la manière dont Léa, rendue abandonnique par le décès de ses parents, multiplie les malentendus avec son amoureux lorsque ce dernier s’éloigne un tant soit peu d’elle.
• La première partie du Choix de Gabrielle évoque avec justesse le poids des morts sur les vivants, avec son lot de désarroi, de dépression, de vengeance et de pardon.
• Le thème central de la pièce est l’euthanasie, et la manière dont il s’affirme comme sagesse et choix d’une mort digne dans le fil d’une vie pareillement digne, en dehors de toute considération religieuse notamment.
• L’intrigue, circulaire, bien conçue et agencée, est servie par l’interprétation d’une extrême sensibilité et d’une grande mesure livrée par Bérengère Dautun, qui réussit à restituer - parfois simultanément - douleur et gaieté.
Quelques réserves
• La pièce est un vibrant plaidoyer pour changer le regard et les pratiques sur la fin de vie, et il est manifeste que l’auteure en parle en connaissance de cause. Cependant, était-il nécessaire, pour évoquer l’omniprésence de la mort, qu’il y ait une telle cascade de décès, récents ou non, au prix de concours de circonstances pas toujours heureux pour l’intrigue.
• On relève une orientation un peu plus didactique à partir du moment où l’intrigue se résout : ce qui était évoqué de manière subtile au début de la pièce vire parfois à la démonstration circonstanciée qui alourdit le plaidoyer.
• La mise en présence de Bérengère Dautun avec une comédienne plus jeune et moins chevronnée produit un certain contraste : si la fougue est bien au rendez-vous, le côté un peu “martial“ de l’interprétation nuit à la jeunesse et à la lumière revendiquées pour le rôle de Léa.
Encore un mot...
Le Choix de Gabrielle évoque, avec tact, sensibilité et intelligence, un sujet d’actualité par les douloureuses extrémités auxquelles l’amour de l’autre peut conduire.
Une phrase
« Cette tombe est vide. Tu es partout maintenant ! » (Léa)
L'auteur
Danielle Mathieu-Bouillon a consacré sa vie au théâtre, aux côtés de son mari, le regretté Serge Bouillon. En effet, elle y a exercé la plupart des métiers, de celui d’éclairagiste dès l’âge de 17 ans et demie à l’administration des théâtres Antoine, puis Comédia, en passant par l’enseignement, sans oublier, encore aujourd'hui, la présidence du très recherché Prix du Brigadier.
Avant Le choix de Gabrielle, elle a écrit Avec deux ailes.
Commentaires
J'ose ce commentaire, le mari de Laure est magistrat, et ma pièce "Avec deux ailes" a été brillamment mise en scène par Anne Bourgeois.
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