Le Chemin des Dames
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Thème
Le thème de cette pièce est le mystère de la décision et la solitude du dirigeant décideur.
L'auteur s'est inspiré d'une phrase de Kierkegaard : « l'instant de la décision est un instant de folie où l'on va comparer ce qui n'est pas comparable ».
Ici, tous les faits historiques sont avérés mais jamais retranscrits ainsi dans les manuels d'Histoire.
Nous sommes le 6 avril 1917. Bruno Jarrosson imagine un Conseil de guerre réunit à la hâte, à la veille de l'offensive du Chemin des Dames, pour se poser l'ultime question : « on y va ou on y va pas ? ».
Dans ce huit-clos, situé dans l'inconfort d'une salle de la gare de Compiègne, six responsables de la France en guerre s'affrontent. Trois politiques et trois militaires : le Président de la République Raymond Poincaré, le Président du Conseil Alexandre Ribot, le ministre de la guerre Paul Painlevé, le Général en Chef Robert Nivelle, le général Philippe Pétain et le général Joseph Micheler.
La réunion doit durer une heure. Il y a urgence. Deux camps s'opposent.
Avec virulence chacun essaie de convaincre le Président Poincaré, qui est plus qu'hésitant. Quelle décision prendre quand l'enjeu est aussi grave et incertain ? Que choisir ? Empêcher cette attaque que Painlevé estime être une erreur dramatique évidente ? Faire confiance à Nivelle qui prépare cette offensive depuis des mois ?
Resté seul, le président Poincaré, pourtant un homme pondéré, prend presque sur un coup de tête une décision irrationnelle. Celle de la logique de l'instant, de l'émotion. D'une part, contraintes politiques, et d'autre part, « cela ne se fait pas de limoger un Général en Chef juste avant une attaque déjà programmée ».
Contre toute son intelligence stratégique, Poincaré donne son accord pour lancer sans plus attendre l'offensive du Chemin des Dames.
Points forts
- La technique théâtrale :
Pas de monologues explicatifs mais des dialogues rebondissants. Ainsi chaque personnage donne son point de vue avec vivacité.
Les personnages ne sont pas stéréotypés. Ils ne ressemblent pas toujours à l'idée que l'on se fait souvent de leur fonction. En particulier, Ribot et Micheler sur lesquels on possède peu de descriptions historiques précises. Ce qui permet à Bruno Jarrosson de les camper librement et avec talent.
L'humour, les duels verbaux, les mots assassins de cette discussion passionnée et cinglante entre militaires et politiques, plus soucieux de leur carrière que du coût humain de l'offensive. La salle rit souvent. Même les spectateurs militaires de carrière qui ne semblent pas se formaliser de la critique de leur hiérarchie !
- Les comédiens :
Tous sont remarquables, chacun dans son rôle.
- La mise en scène et le décor:
La voûte en fond de cave du petit théâtre de l'Essaion et l'austérité du décor (une table, six chaises et un lit de camp) mettent parfaitement en scène l'intimité rugueuse et la gravité de cette réunion militaro-politique en 1917.
Quelques réserves
Je n'en vois aucun !
Encore un mot...
Les Etats-majors et les responsables politiques ne sont pas souvent à la hauteur de leurs fonctions... fonctions, il est vrai, rarement faciles...
Ce spectacle met en colère. Il donne des émotions. Comme le magnifique et bouleversant film d'Albert Dupontel, « Au revoir là-haut ». Folie des hommes, folie de la guerre...
Une phrase
- « Nous assistons à la confrontation du courage et de l'intelligence ».
- « Pour prendre une décision, il vaut mieux être un nombre impair et jamais plus de deux ! »
L'auteur
Bruno Jarrosson n'est pas spécialement un homme de théâtre. Il est consultant en stratégie et il aime l'Histoire. Il a donc étudié la Première Guerre Mondiale sous l'angle de la stratégie.
Il est l'auteur d'une vingtaine ouvrages sur le temps, la stratégie et l'Histoire.
Dans son dernier livre, La Panne de l'intelligence stratégique, il estime que « la Guerre de 14-18 fut le point bas de l'art de la stratégie ».
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