Le cercle des poètes disparus
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Thème
En 1959 aux États-Unis, Todd Anderson, un garçon timide, est envoyé dans la prestigieuse académie de Welton, réputée pour être une des plus fermées et austères du pays, et où son frère aîné a suivi de brillantes études.
- Il y rencontre Mr Keating, professeur de littérature anglaise aux pratiques peu orthodoxes, qui encourage le refus du conformisme et l’épanouissement de la personnalité par la poésie. • Keating inculque à des adolescents vite fascinés par lui l’art de profiter de l’instant présent par-dessus tout : « Carpe diem. »
Points forts
La transposition d’une écriture cinématographique dans un jeu incarné. S’il y a des spectacles où on exalte la jeunesse a toujours croire plus fort en elle-même à travers des valeurs humanistes et altruistes, alors Le cercle des poètes disparus a cette grande vertu. Pendant une heure et demie, les huit magnifiques interprètes de ces étudiants font assaut d’une sincérité désarmante, bousculés et bouleversés dans leurs certitudes, confortés dans leur “ipséité“ par un professeur anticonformiste qui agit telle une déflagration dans leur vie.
Une équipe de jeunes comédiens surprenants d’authenticité. L’alchimie fonctionne à plein tant leur écoute entre eux et leur jeu les singularisent tout en ne formant qu’une seule et même entité au sein du « cercle » :
Ethan Oliel donne une sensibilité à fleur de peau qu’un rien peut déchirer ;
Hélie Tonnat nous touche dans ces silences par une belle intériorité fragile ;
Audran Cattin porte la révolte et l’insolence avec brio et énergie ;
Maxence Seva est tout en finesse dans un personnage complexe percuté dans ses convictions, déchiré entre son sens du devoir et son envie d’émancipation ;
Pierre Delage porte la candeur et la bonhomie avec innocence ;
et Maxime Huriguen telle la chenille se métamorphosant en papillon, timide Pierrot s’élance en Roméo impétueux sous la férule de son professeur.
Ce professeur, c’est Stéphane Freiss, charismatique, sans forfanterie, iconoclaste trublion pédagogique, qui tout en générosité et ironie mordante nourri ce petit groupe dans un jeu économique mais rayonnant d’intelligence et d’aménité.
Bref, tout ce petit groupe fonctionne à merveille et emporte une salle qui bien que conquise d’avance par le succès d’un film culte se surprend à découvrir la chair de chaque protagoniste comme un frère d’armes. C’est un pari réussi.
Ajoutons à cela un dispositif scénique astucieux qui permet des changements de décor à vue sans donner de temps mort dans la multiplicité des lieux.
Quelques réserves
Un prologue un peu démonstratif.
Encore un mot...
Toutes générations confondues, on apprécie le spectacle tant pour la forme que pour le fond, la comédie affleure le drame dans un équilibre qu’Olivier Soliveres a su diriger en s’effaçant pudiquement.
Inscrivez-vous donc à l’Académie de Welton, il reste encore quelques places mais… faites vite !
Une phrase
KEATING : « Je vais vous dire ce que je vois vraiment : des jeunes gens plein d’avenir… et j’aimerais qu’ils ne soient pas un jour paralysés par leurs certitudes. Si monsieur Dalton avait laissé un peu plus de place au doute, il pourrait s’assoir sans faire de grimace… Qui a dit :
Ce n’est pas le doute qui rend fou, ce sont les certitudes“ ?
MEEKS : Nietzsche !
KEATING : Bravo Meeks ! Alors comment faire pour approcher la vérité ? Quels sont les moyens à notre disposition ? La critique et la discussion… Et pour ça, il faut oser remettre en cause ses certitudes, et celles des autres. C’est plus difficile qu’on ne croit. On en a tous des certitudes. »NOLAN : Dites-moi, Mr KEATING, pourquoi vos élèves marchaient-ils en tapant dans leurs mains ?
KEATING : C’est un exercice pour illustrer les dangers du conformisme… »
[…]
NOLAN : « John permettez-moi de vous dire que vous utilisez des méthodes d’éducation fort peu orthodoxes. Les programmes d’enseignement de cette école ont été éprouvés. Ils fonctionnent. Et n’oubliez pas que parmi les fondamentaux de cette institution, il y a la tradition et la discipline. Je ne dis pas que vous soyez responsable des facéties du jeune Dalton, mais je vous rappelle tout de même qu’à cet âge-là, ces garçons sont prêts à croire en tout.
KEATING : Mais c’est précisément le raison pour laquelle je fais ce métier! Pour les mettre en garde, réveiller en permanence leur sens critique sur l’enseignement que nous leur donnons…et en profiter aussi pour réveiller le mien ! Je fais ce métier, monsieur Nolan, pour glisser du doute partout où je peux ET les accompagner dans une nouvelle pensée qu’ils structurent libres de contraintes ! Qu’y a-t-il de plus beau que de pouvoir les entendre dire un jour : “ Mais alors Mr Keating, je ne suis pas d’accord avec Nietzsche!‘‘
NOLAN : Je ne comprends pas grand-chose à ce que vous me racontez, Keating, où plutôt je comprends trop combien vous risquez de les conduire droit dans le mur !
KEATING : Le mur n’attend que ça, Mr Nolan, qu’on éprouve sa force et de se sentir encore plus fort lorsqu’on se cogne à lui ! Qu’il résiste, mon Dieu, mais qu’il résiste , c’est ce qu’on attend de lui. C’est son devoir de mur. Le nôtre est de tout tenter pour le faire tomber ! »
L'auteur
Tom Schulman est un réalisateur, producteur, producteur exécutif et scénariste américain né le 20 octobre 1950 à Nashville (dans le Tennessee).
Son Cercle des poètes disparus, réalisé par Peter Weir en 1989, rencontra un succès considérable, grâce notamment à l’interprétation de Keating par Robin Williams.
Cette pièce a reçu le Molière 2024 de la mise en scène et Ethan Oliel celui de la révélation masculine.
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