Le Bourgeois Gentilhomme

Une belle leçon de savoir-vivre pour les nuls.
De
Molière
Adaptation de Philippe Person
Mise en scène
Florence Le Corre et Philippe Person
Avec
Anatole Follenfant, Judith Leder, Marine Lecarpentier, Matéo Troianovski, Arthur Radiguet, Anna KobaKhidze, Dominika Dubrocka, Elie Rofe, et en alternance, les autres membres de la troupe de l'école d'art dramatique du Lucernaire
Recommandation

Ce n'est pas la plus connue des écoles de formation théâtrale mais l'école d'art dramatique du Lucernaire est l'une des meilleures. Témoin cette version, pour l'essentiel, aussi créative et jubilatoire que respectueuse, du "Bourgeois gentilhomme".

Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Le Lucernaire
53, rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris
01 45 44 57 34
Jusqu'au 11 août - Durée : 1h15

Thème

Monsieur Jourdain, riche bourgeois, rêve d'être ce qu'il n'est pas, un gentilhomme. Il va tout faire pour y parvenir, en s'entourant  de ceux qu'il pense être les meilleurs « spécialistes de la spécialité » : danseurs, chanteurs, maîtres d'arme, philosophes... Mais sa femme, sa fille avec son amoureux et sa servante se moquent de ces folles prétentions. Jusqu'au jour où débarque le Grand Turc en personne ...

Points forts

  • Tout le monde connaît la pièce, qui pourtant nous surprend toujours par sa drôlerie, son rythme et ses répliques.
  • L'adaptation de Philippe Person, qui est également le co-metteur en scène et le directeur de l'école, resserrée en 1h15, met en valeur la quintessence de la pièce : le texte de Molière et le burlesque des personnages et des situations. Grâce à une mise en scène inventive et pétillante d'intelligence, le talent et l'énergie communicative des comédiens, le spectacle fait souffler un vent de fraîcheur et diffuse une joyeuse bonne humeur qui gagne toute la salle.
  • Molière était comédien, il interprétait ses pièces avec sa troupe. C'est cette dynamique qui éclate ici. La pièce est le spectacle de fin d'année de l'école d'art dramatique du Lucernaire et tous les comédiens s'invitent au festin avec appétit et gourmandise. Tous les rôles sont parfaitement distribués (nous avons vu une distribution mais gageons que les autre comédiens qui jouent en alternance ont la même qualité). Ce ne sont plus des élèves, déjà des comédiens.

Quelques réserves

  • Le lieu, le budget, l'écosystème du Lucernaire ne permettent pas de faire de folies alors que la pièce-ballet de Molière et, ne l'oublions pas, de Lulli appelle à une certaine magnificence. Mais le texte et la présence des comédiens parviennent à nous faire oublier cette version dépouillée de la musique et des ballets.

Encore un mot...

La création d'une école d'art dramatique dans un lieu culturel parisien comme le Lucernaire, est un pari ambitieux qu'il faut saluer. Les promotions d'une vingtaine d'élève bénéficient d'un enseignement exigeant et structuré qui intègre l'interprétation mais aussi la technique et le cinéma. Au terme des deux années que dure l'enseignement, l'école nous propose ce spectacle, qui honore ses enseignants autant qu'il distingue ses élèves.

Une phrase

M. JOURDAIN - Cela sera galant, oui ?

MAITRE DE PHILOSOPHIE - Sans doute. Sont-ce des vers que vous lui voulez écrire ?

M. JOURDAIN - Non, non, point de vers.

MAITRE DE PHILOSOPHIE - Vous ne voulez que de la prose ?

M. JOURDAIN - Non, je ne veux ni prose ni vers.

MAITRE DE PHILOSOPHIE - Il faut bien que ce soit l'un ou l'autre.

M. JOURDAIN - Pourquoi ?

MAITRE DE PHILOSOPHIE - Par la raison, monsieur, qu'il n'y a pour s'exprimer que la prose ou les vers.

M. JOURDAIN - Il n'y a que la prose ou les vers ?

MAITRE DE PHILOSOPHIE - Non, monsieur: tout ce qui n'est point prose est vers: et tout ce qui n'est point vers est prose.

L'auteur

Connaissant le goût de Louis XIV pour les ballets, Molière crée un genre nouveau, la comédie-ballet, mélange de parlé, musique et danse. Alors que Le Roi Soleil vient de recevoir à Versailles l'ambassadeur ottoman Soliman Aga, Molière compose « Le Bourgeois gentilhomme », avec une musique de Lulli. L'intrigue est secondaire et s'efface parfois devant le côté spectaculaire de la mise en scène qui se termine dans une apothéose burlesque. La pièce devint si populaire que tout Versailles et Paris en chantait les airs.

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