Le bœuf sur le toit – Les années Cocteau

Une remarquable concentration de talents
De
Philippe Tesson
Direction musicale : Daphné Tesson
Mise en scène
Stéphanie Tesson
Avec
Orlando Bass, Caroline Casadesus, Jean-Baptiste Doulcet, Laurence Lo Jay, Mona Heftre, Eugène Marcuse, Jean-Christophe Rigaud, Daphné Tesson, Philippe Tesson.
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Théâtre de Poche Montparnasse
75 Boulevard du Montparnasse
75006
Paris
0145445021
Jusqu' au 9 juillet

Thème

Philippe Tesson fait revivre les années 1920 à travers le cabaret créé par Jean Cocteau : « Le boeuf sur le toit ». Chanteuses, pianistes, poète et danseurs se succèdent pour témoigner de la richesse et de l'avant-gardisme de ce laboratoire artistique. C'est aussi l'histoire du cabaret et des personnalités l'ayant fréquenté qui nous est racontée par Philippe Tesson entre chaque intervention artistique : Cocteau, Radiguet, le groupe des Six et bien d'autres apparaissent dans un récit riche en anecdotes.

Points forts

On ne sait par où commencer, car de nombreux talents sont rassemblés au cours d'un même spectacle. Les trois pianistes sont impressionnants, alternant avec aisance, souvent à quatre mains, des morceaux de Poulenc, Mihaud, Ravel, Satie ou Gershwin.

L'aménagement du théâtre en salle de cabaret est une bonne idée de mise en scène. Elle permet aux spectateurs, installés à des tables intimistes autour de la scène, d'être très proches des artistes.

Les chanteuses, en ravissantes tenues d'époque, proposent des styles variés : de la chanson populaire aux premiers airs de jazz, on apprécie l'éclectisme du répertoire du Boeuf. Mention spéciale à la virtuose Caroline Casadesus, dont la voix nous fait littéralement voyager dans le temps.

Eugène Marcuse, le jeune comédien qui incarne l'âme littéraire du cabaret, apporte de la poésie et de l'impertinence à chacune de ses interventions. Libre et imperturbable, d'une diction captivante, il donne vie aux beaux textes de Cocteau, Radiguet ou Sachs en bondissant d'un coin à l'autre de la scène.

Dans son récit de passionné, Philippe Tesson n'essaie pas de présenter leBoeuf comme un projet intellectuel ou élitiste. Il démontre au contraire que la légèreté n'exclut pas l'excellence, et que c'est la liberté laissée aux artistes qui a permis cette émulsion créatrice.

Quelques réserves

La narration de Philippe Tesson présente quelques longueurs. On comprend très bien que, en passionné, il ait à coeur d'en dire le plus possible sur un sujet quasi inépuisable, mais ce foisonnement d'informations manque parfois de structure et de clarté. Nul doute qu'au fil des représentations il trouvera le meilleur équilibre.

Il vaut mieux avoir quelques notions sur la vie artistique de l'époque pour pouvoir suivre sans difficulté.

La longueur du spectacle (2h30) finit par nous rendre sensibles à la chaleur, dans cette salle relativement exiguë. Heureusement, il est possible de commander des rafraîchissements !

Encore un mot...

Je pense que les amoureux des années 1920 seront séduits par cette reproduction du cabaret de Cocteau, et par cette troupe d'artistes soudée et joyeuse. Il faut toutefois être conscient de l'approche assez didactique du spectacle : on nous instruit autant qu'on nous divertit. Mais malgré, donc, des longueurs dans la narration, il faudrait être très difficile pour ne pas s'émerveiller devant une telle concentration de talents.

Une phrase

“Puisque ces mystères me dépassent, feignons d'en être l'organisateur.” Jean Cocteau

L'auteur

Dès l’entre-deux guerre, Jean Cocteau devient une figure incontournable de la scène culturelle française. Poète, dramaturge, dessinateur et réalisateur, il fédère autour de lui une nouvelle garde d'artistes qui compteront parmi les plus influents du XXe siècle.

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