Le bizarre incident du chien pendant la nuit
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Thème
L’autisme et la création, la fiction, l’originalité, le réel et l’irréel.
Le jeune Christopher âgé de 15 ans, 3 mois et 3 jours, au début du spectacle, aime dresser des listes, annoncer des horaires, nommer, compter, fixer. Il connaît tous les nombres jusqu’à 7 507. Pour lui, le monde est une représentation de mathématiques. Galilée ne lui dirait pas le contraire .. .
Enfermé dans sa prison mentale, Christopher fait toutefois preuve d’humanité et de compassion envers les autres qui finalement le recherchent comme s’il allait leur faire partager sa vérité profonde, sa vision du monde.
Le jeune homme vit avec un père bienveillant et qui a compris son handicap .
Mais tout se gâte lorsque le chien des voisins est retrouvé avec une fourche plantée dans le corps. Qui l’a tué?
Notre petit « savant ", passionné de Sherlock Holmes, décide de mener l’enquête, de découvrir l’assassin et d’en écrire un livre.
Son père lui avait fait croire que sa mère était morte mais il découvre 43 lettres d’elle, non décachetées et qui ne lui ont pas été remises. La mère serait donc vivante? Le garçon se met à douter de son géniteur: aurait-il tué le chien et pourquoi? Avec son esprit très spécial et malgré son affection pour son père, on sent qu’il serait prêt à le dénoncer.
Christopher, assisté de son rat apprivoisé, part rejoindre sa mère, à Londres. Un périple inextricable.
Points forts
- Une adaptation subtile d’un roman mémorable. Christopher vit sa vie, l’écrit, la joue. Plusieurs autres voix s’expriment, tour à tour narratrices ou actrices. Et cela n’est jamais pesant ni artificiel.
- Le grand metteur en scène Philippe Adrien, qui a fait les merveilleux jours de ce théâtre de la Tempête et passe le flambeau à la rentrée prochaine, nous fait encore ce beau cadeau , juste et inventif. Ses compagnons Molière et Shakespeare doivent aussi le remercier pour ses mises en scènes.
- Le comédien qui interprète Christopher, Pierre Lefebvre Adrien, dont on me dit qu’il est le fils de Philippe Adrien, déploie ici une envergure exceptionnelle. Il sait jouer, penser, trembler sans en faire trop, danser, nous embarquer avec suspens, nous attendrir, nous faire rire et « créer » le temps d’un spectacle.Vibrant de présence et d’intelligence, il est ce jeune autiste "savant" vêtu de rouge et qui n’aime que la couleur rouge. Notons que sa perturbante jolie maman retrouvée ( Juliette Poissonnier) porte une robe rouge… Et que son subtil papa laissé seul et un peu triste ( Sébastien Bravard) ne lui impose pas un jogging jaune ou vert.
Mais toute la troupe serait à citer tant le talent crève l’avant-scène.
- La scénographie simple et belle sans être fashion victime, signée Jean Haas, ouvre l’espace de cet univers social à la Ken Loach avec des accents à la Cantatrice chauve de Ionesco pour le ton british décalé ou à la Jacques Tati pour les exquises silhouettes.
Quelques réserves
Aucun, tant ce spectacle est cohérent dans son genre. Humain et simple.
Encore un mot...
De nombreux jeunes étaient présents à la représentation et ils « marchaient ». À la sortie, leurs commentaires enthousiastes faisaient plaisir. Tous les « autistes » que nous sommes à plus ou moins fort degré, s’identifieront à ce personnage si complexe. Certes, nous savons que beaucoup d’entre eux ne seront jamais des petits Einstein mais passeront une partie de leur vie à hurler et à casser. Toutefois, un peu plus de considération pour les différences ne fera pas de mal.
Une phrase
"Il fait un temps de chien: le jeune homme ne comprend pas cette métaphore car il ne voit pas le rapport entre le temps et un chien. À méditer, si l’on veut se faire poète".
L'auteur
Le romancier Mark Haddon, anglais né à Northampton, a travaillé avec des personnes autistes. Son roman, dit policier, a été publié en même temps dans une collection pour adultes et une, pour enfants. Nous le croyons quand il nous dit qu’on a plus de chance d’être assassiné dans sa famille, un soir de Noel, que par un criminel de passage...
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