Lapidée
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Thème
Aneke et Abdul. Elle est hollandaise, il est yéménite. Ils se sont rencontrés pendant leurs études de médecine à Amsterdam, se sont mariés, et sont partis vivre dans le village d'Abdul où ils ont eu deux filles. Tout va bien entre eux jusqu'à ce qu'Aneke décide de ne plus avoir d'enfants pour pouvoir travailler. Abdul prend alors une deuxième femme en cachette et Aneke éclate de colère contre lui. Un affront qui se fait en public, salissant l'honneur d'Abdul qui, face à sa communauté, n'a plus d'autre choix que de condamner sa femme. Aneke n'a alors plus qu'une alliée, sa belle-sœur Nouria qui n'est pourtant jamais sortie du village.
Points forts
- La mise en scène, les décors et les lumières très sobres servent bien un grand texte qui n'a nul besoin d'esbroufe pour se faire entendre, et nous propulser au Yémen dès les premières phrases de la voix off.
- Alors que notre avis sur la question de la lapidation nous semble évident et tout tranché avec d'un côté les bons, de l'autre les méchants, Jean Chollet-Naguel réussit à nous faire entendre tous les points de vue. Chaque personnage a de vraies raisons qui dictent ses actes, et d'Aneke à Abdul, c'est un grand écart culturel qui se joue devant nous malgré l'amour qui les lie l'un à l'autre.
- J'ai été particulièrement touchée par la relation entre Nouria et Aneke qui se rapprochent petit à petit malgré leurs différences et leurs croyances. La scène finale qui les unit est poignante et même porteuse d'espoir, tant par le texte que par le jeu tout en justesse et en sobriété des deux comédiennes.
Quelques réserves
- J'ai mis du temps à rentrer dans la pièce qui, du fait des accents arabes très marqués d'Abdoul et Nouria, me semblait surjouée et un peu factice, et rendait l'utilisation du français incongrue.
- Le ton de la voix off finale m'a paru surprenant, presque jovial, ce qui contraste avec l'importance des informations alors apportées.
Encore un mot...
Si j'ai eu des difficultés à me laisser emporter par le jeu des acteurs, il n'en demeure pas moins que j'ai été très touchée par cette pièce et son sujet très fort qui m'a suivie bien après le tomber du rideau. C'est d'ailleurs la première fois que j'ai eu tant de mal à revenir à la réalité après une pièce de théâtre et à applaudir les comédiens.
Une phrase
Nouria à Abdul : " Je ne trahis pas, je défends une femme contre la folie des hommes."
L'auteur
Jean Chollet-Naguel a plusieurs cordes à son arc. Après une formation à Paris et à Lausanne il a dirigé des théâtres, mis en scène de nombreuses pièces telles que "Le Menteur" de Carlo Goldoni, "Œdipe-Roi" de Sophocle ou encore "Don Juan" et "George Dandin" de Molière. Il est également auteur de nombreuses pièces jouées en Suisse et en France, notamment par sa Compagnie de la Marelle. Pasteur d'une paroisse suisse, il dirige aussi l'Espace Culturel des Terreaux à Lausanne et l'Espace Saint Martial en Avignon.
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