
L’Ambigu
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Thème
Texte de Roland Topor qui n’a jamais été mis en scène, L’Ambigu offre une version inédite de Don Juan devenu Narcisse. Lassé par le ballet des maîtresses dont il confond les prénoms et qui se plaignent tout en lui témoignant un attachement jaloux, Dom Juan s’est retiré à la recherche d’un nouvel équilibre.
Dans sa solitude, il découvre avec étonnement sa part féminine qui l’attire et le désoriente. Il s’en éprend au point de se marier à lui-même sans y trouver pour autant la sérénité espérée.
Points forts
Un seul en scène virtuose, avec des costumes traditionnels japonais, pour un texte inédit dont la modernité est évidente.
Une atmosphère intimiste qui évoque bien le tourment intérieur du personnage.
Quelques réserves
Si le texte est inédit et adhère à l’air du temps, pour autant les tourments de Don Juan manquent de crédibilité, et si le spectateur sourit, il se perd vite dans les méandres du monologue intérieur.
De plus, une fois le premier étonnement passé, l’ennui s’installe faute de dynamique, car le spectacle relève plus d’une lecture statique que d’une pièce de théâtre.
Encore un mot...
L’égocentrisme peut apparaître comme une forme d’amour porté à soi-même. Loin de poser la question du genre, le texte de Roland Topor explore une dimension du séducteur compulsif qu’est Dom Juan dans son rapport à lui-même.
S’il existe une part féminine cachée en lui, cette figure de femme ressemble étrangement par son comportement au modèle original. La subtilité du texte n’est pas accessible si l’on ne prend pas en considération le mimétisme à l’œuvre.
Une phrase
• Don Juan :
- « Je suis homme, je suis femme, et vous n’êtes rien. »
- « Arraché trop tôt à l’amour mystique d’une mère démente qui me prenait pour un ange, incompris d’un père libertin dévoré par la passion du jeu, abandonné à une nourrice campagnarde terrorisée par les démons, puis tour à tour recueilli et chassé par les membres dégénérés de mon illustre famille, je souffrais d’une inextinguible soif d’affection. J’avais besoin d’étreindre et d’être étreint, cajolé, caressé, embrassé. Non pour me reproduire mais pour naître à moi-même. Je recherchais le contact apaisant de la chair nue sous ma joue. Trop conscient de mon indigne condition humaine il me fallait trouver un peu d’amour terrestre qui me permit de m’aimer. »
L'auteur
Roland Topor (1938-1997) est un illustrateur, dessinateur, peintre, écrivain, poète, metteur en scène, chansonnier, acteur et cinéaste français. Issu d'une famille juive d'origine polonaise, il se cache en Savoie pour échapper à l'extermination nazie. Après des études à l'école des Beaux-Arts de Paris de 1955 à 1964, il publie ses premiers dessins dans Bizarre, et ses premières nouvelles dans Fiction en 1958, puis collabore au journal satirique Hara-Kiri de 1961 à 1965.
Les Masochistes, son premier livre, paraît chez Losfeld en 1961, année où il reçoit le grand prix de l'humour noir. La création, en 1962, du groupe Panique, avec Fernando Arrabal, Alexandro Jodorowsky et Jacques Sternberg, pose les principes de ce qui est aussi un style de vie où se mêlent la confusion, l'humour, la terreur, le hasard et l'euphorie.
En collaboration avec René Laloux, il est attiré par le cinéma d'animation. Après plusieurs courts métrages, le long-métrage La Planète sauvage obtint en 1973 le prix spécial du jury à Cannes. Son roman Le Locataire chimérique est adapté au cinéma par Roman Polanski. Il collabore avec Federico Fellini pour son Casanova. Roland Topor travaille avec son ami et complice Jean-Michel Ribes sur de nombreux projets ; ils écriront ensemble pour la télévision Merci Bernard (1982-1984) puis Palace (1988), Batailles (1983) pour le théâtre et La Galette du roi (1985) pour le cinéma.
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