Lacenaire
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Thème
1836. Un homme et son complice terminent sur l'échafaud au terme d'un procès retentissant qui a fait date. Pas n'importe quel homme ! Un mythe à lui tout seul.
Il est voleur et meurtrier par choix mais aussi un écrivain et un poète talentueux qui fascine les hommes de loi qui le jugent et les écrivains qui le lisent. Un homme brillant qui, avec insolence et liberté intérieure, met en scène sa propre philosophie de la vie.
Points forts
1 le texte est brillant. Il porte à une réflexion que Lacenaire a initiée par sa vie et révélé par ses mémoires.
De vol en meurtre s'élabore une volonté de mettre le feu à l'ordre établi des vertueux, "gens de bien qui l'ont déçu". Et le poète se construit une philosophie dont il ne déviera pas jusqu'à la mort.
La pièce met en avant la complexité du personnage, sa vision du monde et son talent de manipulateur. La cohérence de ses options touchant à sa vie et à sa mort. Ses prises de position sur Dieu, la religion, la "vertue", la souffrance, les chimères politiques, les nécessités imposées par la pauvreté.... Son amour de l'écriture.
Le crime, son ultime transgression, est sa façon de parvenir à la célébrité en séduisant et captivant, au cours de son procès, ceux qui l'écoutent et le lisent.
Il réclame la guillotine comme "un dû" pour achever en beauté sa chute.
2 Deux acteurs au meilleur d'eux-mêmes pour une pièce menée tambour battant.
- Franck Desmedt, a dû être Lacenaire poète du crime dans une autre vie. Il est beau et brillant comme Lacenaire. Il est dominateur et malicieux, séducteur, insolent et manipulateur, cynique avec humour, car Lacenaire était tout cela. Il adopte son panache et sa morgue, sa fougue et son regard de poète.
- Frédéric Kneip est d'abord le complice, Avril, plus vrai que nature en homme simple, voleur puis meurtrier qui a "peur du raisonnement" et "s'accommode du sort", s'en remettant totalement à son mentor. Puis le Procureur de la cour et le Président tous deux investis de leur fonction mais scandalisés, dépassés et qui sait..... séduits. Enfin il incarne un Prosper Mérimée brillant, écrivain conscient de la valeur littéraire de son interlocuteur.
Il passe d'un rôle à l'autre avec un brio d'acteur rodé aux adaptations audacieuses et aux grands écarts sur scène.
3 La mise en scène, joue efficacement sur les tonalités, les éclairages et les projections.
Malgré l'exiguïté de la scène les deux hommes semblent en permanent mouvement.
Entre les différents volets de la vie de Lacenaire, dans la pénombre, celui ci déplace comme dans une pantomime des tronçons de colonnes (genre Buren) sur fond d'opéra ou de lieder et chaque fois un nouveau décor surgit.
Évoluant dans le noir et blanc de leurs habits d'époque et du décor (sauf la redingote ocre de Mérimée), les visages prennent tout leur relief.
Les quelques images fortes projetées sur le rideau de scène noir (un éclair rouge), sur le fond de la scène (une toile d'araignée géante dans laquelle Lacenaire est captif) et enfin sur le dos de Lacenaire (une tâche vermillon illustrant le sang), donnent une dimension d'opéra à la pièce.
Quelques réserves
Détail mais d'importance : la salle étant petite, ce qui est au demeurant un plus, il y fait très chaud et les acteurs en souffrent comme les spectateurs. SVP, aérez entre les spectacles!
Encore un mot...
Un assassin poète et écrivain en total accord avec lui même, qui met sa vie en scène, ce n'est pas banal comme sujet. Il vaudrait à lui seul le détour. Mais en plus, les acteurs servent formidablement le texte !
Alors pas de raison de se priver d'une heure dix de plaisir absolu, talents et humour à la clef. Courrez !
L'auteur
Yvan Bregeon participe à des projets artistiques avec Franck Desmedt et dirige la compagnie théâtrale fondée par ce dernier.
Franck Desmedt est auteur, metteur en scène et acteur (c'est le cas dans cette pièce); il est également directeur d'un théâtre à Bordeaux.
Ils ont co- écrit cette pièce.
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