L’ABC d’airs
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Thème
Une salle à peine enveloppée dans le noir, et soudain, du fond surgit une jeune femme, elle lance des « Ah ! » sur plusieurs tons. S’avançant vers la scène, elle est rejointe par trois femmes, qui elles aussi proposent des variations sur le même thème.
« Ah ! » oui, début du spectacle donc… Elles sont quatre. Quatre jeunes femmes, une chanteuse- comédienne, et trois instrumentistes. Les quatre sont habitées par la musique, et invitent à un réjouissant « ABC d’airs ». L’idée est venue à Anne Regnier, hautbois et cor anglais, soliste à l’Orchestre de Paris. Avec Anne Baquet (voix), Claude Collet (piano, premier prix du Conservatoire de Paris) et Amandine Dehant (contrebasse, premier prix du Conservatoire et membre de l’Orchestre de l’Opéra de Paris), elle déroule l’alphabet. De A à Z, vingt-six séquences musicales. Il y a B comme « baroque » avec « Les Sauvages » de Jean-Philippe Rameau, ou encore G comme « géant » avec « Le grand Lustucru » de Kurt Weill, H comme « histoire sans paroles » avec Astor Piazzola, R comme « romance » avec Enrique Granados, U comme « ultime sabbat » avec Camille Saint-Saens… sans oublier le délicieux S comme « silence » avec John Cage ou encore l’enthousiasmant Z comme « Ze final » !
Dans une note d’intention, le metteur en scène Gérard Rauber précise : « Le parti pris est alors de casser les codes : plus de partitions, plus de chaises, pour que le musicien soit enfin libre ! C’est ainsi que nous assistons à la naissance d’un concert « mis en scène » où le regard et le mouvement complètent la musicalité des artistes ». Et maintenant, jouez, dansez et chantez, il y a des airs dans l’air !
Points forts
- La formidable virtuosité musicale des quatre artistes (Anne Baquet, Claude Collet, Amandine Dehant et Anne Regnier) qui, en un instant, accaparent toute la scène.
- La mise en scène intelligente et pétillante de Gérard Rauber, un homme aussi grand connaisseur de musique(s) qu’empli d’esprit.
- Le mouvement incessant des quatre filles. Comme on dit, elles ont « la musique dans le sang » !
- Le grand mix musical mêlant, avec un bonheur extrême, entre autres le très baroque Jean-Philippe Rameau, les très joyeux Frères Jacques ou encore le très pop-rock Queen.
- Le très gonflé S comme « silence » avec le « 4’33’’ » de John Cage qui plonge salle et spectateurs dans un silence propice à la perception du moindre son ambiant…
Quelques réserves
Un alphabet visité et évoqué en une heure et vingt minutes, cela m'a vraiment semblé trop court. Mesdames, on en demande, encore et encore !
Encore un mot...
N'ayons pas peur des mots: ce spectacle est un moment de grâce, d’humour et de virtuosité. Enthousiaste et enthousiasmant. Intelligent et léger.
L'auteur
Après avoir débuté des études musicales à La Rochelle, Anne Regnier les poursuit au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Elle y obtient en 1988 un 1er Prix de musique de chambre (1988); et un 1er Prix de hautbois, l’année suivante. Peu après, elle fonde « Sur mesures », un ensemble de musique de chambre à géométrie variable, avec lequel elle donne de nombreux concerts pendant cinq ans. Ensuite, elle aborde le répertoire contemporain au sein de l’ensemble Ars Nova. En 1993, elle intègre l’orchestre de la Garde Républicaine, se produit en soliste avec les Orchestres de chambre de Toulouse et de Padoue, et obtient un 3ème Prix au concours international de Toulon (1996) et Tokyo (1997).
Parmi ses idées de spectacle et création, elle propose « Bestiaire imaginaire » (1996) ou donc le tout récent « ABC d’airs », une nouvelle aventure musicale 100% féminine…
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