L’abattage rituel de Gorge Mastromas
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Thème
Gorge Mastromas est un menteur, prêt à tout pour obtenir ce qu’il souhaite. La pièce débute par sa naissance ( voir même sa conception!) et s’achève alors qu’il est au crépuscule de sa vie.
Cantonné à être un enfant et un adolescent plutôt insipide, il hésite souvent entre « bonté ou lâcheté ». Mais brutalement, à l’âge adulte, il tranche, et devient manipulateur, abjecte, sans scrupule, mais riche et influent. Il obtient le pouvoir.
Même pour séduire la seule femme qu’il désire vraiment, en partie parce qu’elle lui résiste, il va recourir à d’infâmes méthodes.
Mais alors qu’il est à l’apogée de sa vie, du moins le croit-il, ses mensonges le rattrapent et son machiavélisme ne va plus suffire.
Points forts
- La pièce commence très fort. Il ne faut pas trop en dire pour ne pas gâcher l’effet de surprise, mais dès les premières secondes, nous sommes plongés dans une atmosphère singulière. La mise en scène est très réussie et nous entraîne avec enthousiasme découvrir la vie de Gorge Mastromas.
- D’impudents facétieux et loufoques personnages analysent et commentent sans filtre la vie et les choix de Gorge Mastromas. Alors que ces insertions pourraient casser le rythme de la pièce, bien au contraire elles donnent le tempo et régale la salle. Il faut bien l’avouer, leur cruauté fait rire, et ce d’autant plus qu’elle s’abat sur un salaud, méprisant et sans scrupule.
Quelques réserves
La fin de la pièce est assez prévisible et donc légèrement moins exaltante que le reste, plein de surprises...
Encore un mot...
À quel point sommes-nous maître de notre destinée? À quel point « les hasards de la vie », notre enfance, ou encore notre entourage sont-ils décisifs? À quel point peut-on mentir pour garder auprès de nous l’être aimé? L’abattage rituel de Gorge Mastromas nous offre une véritable réflexion sur le libre arbitre, en laissant défiler sous nos yeux une vie entière, tout en nous faisant rire au détriment d'un personnage qui se pense pourtant à l’abri de la moquerie...
Une phrase
Ou plutôt trois:
1- " Tu ne connais pas ce monde, tu me parles du monde, là, tu ne le connais pas. Je le connais. Je le fabrique. Je le fabrique ce putain de monde, les gens comme moi, on le possède. "
2- " Faites ce que vous avez à faire. Mais souvenez-vous en. J'arrête le temps. Je vois l'avenir. J'ai des supers pouvoirs. Je fais des choses vraiment incroyables, en quantité, et toutes ces choses peuvent être à vous. Et cette opportunité ne croisera plus votre chemin, jamais. "
3- " Quand tu veux quelque chose, tu le prends."
L'auteur
Dennis Kelly est né en 1970 à Londres. Sa première pièce, Débris, est montée dès 2003 à Londres.
Il intègre vers l’âge de 20 ans une jeune compagnie théâtrale et commence à écrire. À la fin des années 90, il entame des études universitaires au Goldsmiths College de Londres.
Conjuguant le caractère provocateur du théâtre in-yer-face et l’expérimentation de styles dramatiques diversifiés, ses textes abordent les questions contemporaines les plus aiguës.
En 2009, il est élu meilleur auteur étranger par le magazine Theater Heute en Allemagne.
Dennis Kelly est également l’auteur de deux pièces radiophoniques The Colony (BBC Radio 3, 2004) et 12 shares (BBC Radio 4, 2005).
Pour la télévision, il a écrit la série Pulling et Utopia qu’il a également coproduite.
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