La vie est une fête
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Thème
- Le monde - tel qu’il va - ressemble à l’absurde, organisé à grande échelle. Les sujets d’anxiété ne manquent pas : le mode de gouvernement, le travail et la question du prolongement de sa durée, l’hôpital, l’entreprise, la solitude, la police concentrent les multiples facettes d’une brutalité que l’époque prodigue à l’envi.
Points forts
Une écriture théâtrale ciselée, portée par des comédiens virtuoses qui incarnent tour à tour plusieurs rôles, où le comique domine toutes les situations, surtout les plus tragiques.
Les monologues à la Céline en milieu psychiatrique sont tout simplement hilarants.
Le rythme dynamique de succession des tableaux emporte l’adhésion et la complicité du public qui participe et s’expose à toutes sortes de projections de la scène.
Le propos, où la dénonciation est toujours fermement adossée à l’actualité du covid jusqu’à « la parenthèse enchantée des JO » en passant par la crise des gilets jaunes et la réforme des retraites, brocarde les puissants et l’hypocrisie qui semble leur être consubstantielle, en particulier les politiques, les patrons, les génies de la high tech, les chirurgiens esthétiques, les médecins dont le cynisme et la brutalité, enfants de la modernité, suscitent le rire.
Une manière de traverser les angoisses contemporaines, fruits d’aliénations contradictoires, nouvelles et anciennes.
Quelques réserves
Un penchant certain pour la scatologie – « caca, vomi, zizi » - qui devient, à la longue, pesant.
Encore un mot...
L’humour est-il le meilleur remède aux maux du temps ? L’autodérision offre un territoire où le regard, en prenant du champ, fait voler en éclat toutes les compromissions. • Sur le travail jusqu’à 72 ans dont le slogan « mourir au travail » résume l’audace, le « nouvel affront populaire » dénoncé comme « francocide » par l’extrême droite, les quolibets fusent dans cet hémicycle de carton-pâte où les débats tournent au joyeux chaos. Ainsi, on se demande s’il faut conserver les anneaux olympiques et démonter la tour Eiffel.
L’éco-anxiété - devenue le terrain de business des entrepreneurs-gourous new age - offre un portrait édifiant des investisseurs de la tech, fumeur de pipe à la coriandre et adeptes du gyropode, qui licencient avec le sourire et une brutale bonhomie le fondateur devenu quinquagénaire de l’entreprise justement nommée Digitech.
Les violences sociales et policières, au travail ou dans la rue, se rejoignent finalement dans un excès de burlesque jusqu’à frôler l’univers de la science-fiction. Une issue s’offre néanmoins, moins sombre qu’il n’y paraît : renouer, dans le présent, avec le langage et l’amour signe le retour à la vie.
Une phrase
« Le vrai courage, c’est 4 heures du matin. »
« C’est nous les Gisèle Pénicot de la République !
« La passion l’habite. »
« Après les jeux paralympiques, la parapolitique. »
« 70 ans, c’est le bel âge pour concrétiser ses rêves d’enfants. »
« J’ai peur d’aller au Franprix…
- Tout le monde a peur d’aller au Franprix. »« Le service des urgences psychiatriques est l’un des rares endroits à recevoir quiconque à toute heure sans exception d’âge, de sexe, de pays. Un lieu de vie extrêmement palpable pour une sortie de route. Un sas d’humanité.»
L'auteur
Acteur et metteur en scène né en 1975, Jean-Christophe Meurisse créé Les Chiens de Navarre en 2005 pour en diriger les créations collectives, des improvisations et des performances théâtrales avant de réaliser des longs métrages remarqués par la critique.
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