La Vie de Galilée
Véronique Vella, Thierry Hancisse, Alain Lenglet, Florence Viala,
Jérôme Pouly, Guillaume Gallienne, Serge Bagdassarian, Hervé Pierre,
Bakary Sangaré, Pierre Louis-Calixte, Gilles David, Jérémy Lopez,
Nâzim Boudjenah, Julien Frison, Jean Chevalier, Elise Lhomeau, Birane Ba,
Et les comédiens de l'académie de la Comédie-Française:
Béatrice Bienville, Magdaléna Calloc'h, Pauline Chabrol,
Noëmie Pasteger, Léa Schweitzer,
Thomas Keller, Olivier Lugo, Jordan Vincent.
Scénographie : Eric Ruf
Le spectacle de Brecht, intelligemment proposé par la Comédie française, sur Galilée, nous interroge à la fois sur la puissance aléatoire des religions, la multiplication des interrogations scientifiques sur l'univers, et le courage des hommes. Vaste programme...
Infos & réservation
Thème
Tout le monde se souvient de la formule de Galilée : " ...Et pourtant, elle tourne ! " qu'il lance en ce début de XVIIème siècle italien, peu après avoir abjuré face à l'Inquisition, qui n'admettait aucun changement dans le dogme apostolique et romain, en exigeant que la découverte de Copernic, développée par Galilée, demeurât lettre morte.
Brecht s'est emparé de ce thème en 1938. L'Eglise et Rome ne peuvent admettre que l'homme ne soit plus sur la terre, au centre de la Création. Galilée aura peur de la torture et choisira de vivre, mais, quelques années plus tard, il transmettra à son ancien élève, son œuvre aboutie dans le secret de la prison -« Les Discorsi » - pour qu'elle soit révélée au monde.
Points forts
- 1 – Cette œuvre un peu vieillie de Brecht, trouve pourtant une étrange résonance avec notre temps. Si de nos jours, l'Eglise a perdu presque l'essentiel de ses pouvoirs, d'autres Religions le revendiquent bien haut, recherchant même un retour à l'obscurantisme ; tandis que la science évolue vers les applications de découvertes déconcertantes pour un monde qui ne parvient pas à comprendre que plus rien désormais ne sera plus jamais comme avant. « Science sans conscience...... »
- 2- Très beau travail d'équipe d'Eric Ruf, qui signe la mise en scène ainsi qu'une très belle scénographie, mettant en évidence les peintures sacrées de l'époque, remarquablement reproduites par les peintres décorateurs des ateliers de la Comédie-Française. Il parvient ainsi à donner le cadre souhaité à cette Eglise, alors omnipotente, n'hésitant pas à utiliser des cadrages non dépourvus d'humour.
- 3- Hervé Pierre, incarne Galilée, comme une sorte de jouisseur rabelaisien, aussi malin qu'inspiré et inventif. Il est drôle, génial et immature dans le même temps. Il alterne jubilation créatrice et doute profond, mais tente de persuader les autorités ecclésiastiques avec une sorte de prudence malicieuse.
- Auprès de lui, Florence Viala, incarne la femme par excellence, énergique, maternelle et drôle souvent, grâce à la riche palette de son talent.
- 4 – Les autorités religieuses sont subtilement mises par Brecht dans une sorte de dilemme, entre intelligence et dogmatisme. C'est très sensible chez le Cardinal Inquisiteur, dangereusement retors, charmeur même (Thierry Hancisse), et aussi chez le nouveau Pape (Serge Bagdassarian).
- 5 – Impossible de ne pas mentionner les costumes de Christian Lacroix, à la fois beaux, signifiants et narquois, notamment sa vision vaticane de prêtres romains, tournant comme des toupies... ou des planètes.
Quelques réserves
- Je me demande si quelques petites coupures, notamment en fin de première partie, n'auraient pas davantage mis en valeur la force de la seconde.
Encore un mot...
Encore un magnifique spectacle au crédit de la Comédie-Française et qui nous fait transposer, à notre aune, les perplexités nouvelles auxquelles notre humanité doit désormais faire face. Autres temps, autres mœurs... L'interrogation demeure teintée de la crainte sempiternelle du changement. Si nous savons que les galaxies sont encore - pour l'instant - en expansion, l'impact grandissant d'une Intelligence artificielle surpuissante, sur une planète atrocement en danger, ne peut que nous interroger. La pièce est aussi et surtout, cette mise en perspective.
Une phrase
« Galilée : Notre ignorance est infinie : entamons-la d'un millimètre cube ! »
L'auteur
Bertolt Brecht , ( 1898-1957) Après des études de philosophie et de médecine, il rejoint en 1923 le Deutsches Theater de Max Reinhardt à Berlin avec sa future femme Hélène Weigel. Après « Tambours dans la ville » et « Dans la Jungle des villes », il devient célèbre en 1928 avec « L'Opéra de quat'sous ». Chassé par les Nazis qui ont brûlé ses œuvres, il vit le danger de l'interdiction par autodafé organisé par le dogme hitlérien. Alors, il connaît des années d'errance fécondes : « Mère Courage », « La résistible ascension d'Arturo Ui ». Chassé des Etats Unis par le maccarthysme, il revient en Allemagne en 1948 pour fonder la troupe du Berliner Ensemble. Metteur en scène et grand théoricien d'un théâtre didactique, il tente de créer une distanciation entre spectateurs et personnages, afin d'empêcher l'identification.
Commentaires
Je suis définitivement un inconditionnel de la Comédie Française ... J'en ressort toujours ébloui et ça encore été le cas hier soir; un acteur principal, Hervé Pierre, formidable, pour ne citer que lui, dans des décors, des costumes et une mise en scène magnifiques
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