La veuve rusée

Tel est pris qui croyait prendre
De
Carlo Goldoni
Durée : 1h45
Mise en scène
Giancarlo Marinelli
Avec
Caterina Murino, Sarah Biasini, Vincent Deniard, Vincent Desagnat, Thierry Harcourt, Tom Leeb, Pierre Rochefort
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre des Bouffes Parisiens
4, rue Monsigny
75002
Patis
01 86 47 72 43
Du 29/10/2024 au 24/11/2024. Du mardi au samedi à 20h et le dimanche à 15h et le samedi à 16h

Thème

  • Rosaura, une jeune, belle et riche veuve vénitienne, rencontre quatre prétendants de nationalités différentes : l’anglais Milord Runebif, le français Monsieur Le Blau, l’espagnol don Alvaro de Castille, et le comte italien Bosco Nero. 

  • Chacun d’eux la courtise, par l’intermédiaire de l’espiègle Arlequin. Mais Rosaura est indécise… Aidée de sa dame de compagnie Marionnette, elle réfléchit à un stratagème pour faire son choix. 

  • Mais la surprise, comme l’amour – surtout à Venise – est toujours au coin de la rue…

Points forts

  • Une scénographie élégante. C’est tout à la fois un festival de raffinement et de précision que nous propose Giancarlo Marinelli, le metteur en scène de ce spectacle. La direction d’acteurs est d’une grande fluidité et imprime à chaque caractère un personnage haut en couleurs et une palette d’émotions d’une belle variété.

  • La jubilation manifeste des comédiens à incarner leur personnage :

  • Caterina Murino incarne avec volupté et grâce l’héroïne principale, secondée par Sarah Biasini en soubrette insolente et piquante, sans trop de scrupules ;

    • quant aux trois compères - Vincent Deniard, Thierry Harcourt et Vincent Desagnat - ils composent une galerie aussi drôle que touchante, alternant le panache et la veulerie dans des archétypes anglais, français et espagnols, revus par Goldoni. Tom Leeb est ainsi virevoltant d’énergie et de rouerie, alors que Pierre Rochefort donne à son personnage une belle profondeur de sentiment et d’émotion.

  • Les costumes sont de toute beauté

Quelques réserves

Aucune.

Encore un mot...

  • La légèreté apparente du sujet n’ôte pas toute l’importance du propos sur la liberté des femmes à choisir leur vie. Goldoni préfigure ici ce que Marivaux précisera plus tard dans ses comédies. 

  • On se régale de ces portraits plaisants, cocasses croqués à la pointe de la plume. Tous ces hommes, infatués d’eux-mêmes jurant leur grands dieux qu’ils sont amoureux cèderont à l’inconstance et seront tancés et bernés grâce à l’intelligence de l’héroïne.

  • Le plaisir qui émane du plateau est partagé par un public qui rit et participe joyeusement à cette communion entre la salle et la scène. Ne manquez pas cette délicieuse soirée italienne !

Une phrase

Rosaura : « Écoute Marionnette, je veux te confier une idée que j’ai eue, qui ne te semblera peut-être pas moins astucieuse que celles en vogue entre tes dames françaises.
Marionnette. Eh ! Quant à ça, je vous l’ai toujours dit. Vous avez un esprit supérieur à celui des autres italiennes. 
Rosaura : Je veux faire une expérience pour tester l’amour et la fidélité de mes quatre amants. En profitant du carnaval et des masques, je veux me déguiser, et me retrouvant seule avec chacun d'entre eux, je veux me faire passer pour une amante inconnue, et voir s’ils savent refuser une aventure amoureuse pour moi; pour que l’épreuve soit plus efficace, je ferai semblant d’être de la nationalité de chacun d’entre eux et, avec l’aide d’une belle robe, du masque, des langues que je connais suffisamment, et de quelques clichés de leur pays, j'essaierai de me faire passer pour une des leurs compatriotes. Celui qui saura résister à cette tentation, sera mon favori. 
Marionnette : Je crains alors que vous n’en marierez aucun.
Rosaura : Pourquoi ?
Marionnette : Parce qu’il est difficile qu’un homme résiste à une si forte tentation.
Rosaura : Ce sera le résultat à décider. Je vais avoir besoin de conseils pour soutenir les différents personnages. »

L'auteur

  • Carlo Goldoni a écrit en vingt ans plus de 200 pièces d’importances diverses et dans différents genres : tragédies, livrets d’opéra, saynètes de carnaval… mais ses comédies écrites après 1774 assureront sa célébrité. 

  • Il a transformé la comédie italienne par ses productions plus que par ses écrits théoriques (Il teatro comico, 1750). Goldoni a su garder le dynamisme de la commedia dell'arte et le jeu des masques en les associant à la comédie d’intrigue et en recherchant un certain réalisme dans la représentation des comportements. 

  • En Italie, il s'était heurté aux choix esthétiques de ses confrères, s'étant fait moquer par le dramaturge traditionaliste Carlo Gozzi, qui condamnait son réalisme dangereux, et critiqué par les partisans du théâtre baroque comme Chiari avec son théâtre bouffon et poétique. 

  • Ces oppositions et la désaffection du public le conduisirent à l’exil en France. Il se proclamait toujours admirateur de Molière, tout en reconnaissant ne pouvoir égaler son génie. • Il s’en différencie cependant par la légèreté des thèmes et par l’absence de pessimisme. Son œuvre est en effet marquée par sa confiance dans l’homme et son approche humaniste défend les valeurs de l’honnêteté, de l’honneur, de la civilité et de la rationalité. À l'image de Molière, il tente aussi de critiquer les mœurs de ses contemporains.

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