La Version Browning
Infos & réservation
Thème
A la fin des années 1940, un soir de juillet, veille des résultats scolaires, le jeune Taplow est convoqué par le professeur Crocker-Harris, figure de l’institution rigoriste des public schools britanniques. Il doit, à contre cœur, rattraper un cours de version grecque décisif pour son passage en classe supérieure. C’est dans le confinement du salon du professeur craint par beaucoup, moqué par ses confrères, trahi par sa femme et à la veille d’une mutation déshonorante, que virevoltent, élève, collègue et épouse. La violence des passions dans les tragédies grecques qui fascine tant le jeune Taplow se donne libre cours dans le salon anglais du professeur. Là où se frôlent, jusqu’à parfois se confondre le professionnel et l’intime.
Térence Rattigan déchire avec férocité le masque des bonnes mœurs britanniques.
Points forts
Une pièce typiquement britannique fondé sur un mélange de postures à la fois pleines de certitudes et d’ironie glaciale. Un professeur qui contraint, jusqu’à élimination, ses propres sentiments pour conserver, selon l’esprit du collège « anglais », une autorité que nul ne doit jamais contester.
On évolue dans un contexte dans lequel le double langage est de règle, avec ce que l’on dit devant et ce que l’on dit derrière quitte, après l’avoir félicité, à détruire son interlocuteur avec une violence insoupçonnable. L’histoire est un parfait exemple de l’esprit « anglais » qui fustige avec le sourire, qui détruit avec élégance, qui méprise pour mieux apparaître en maître de situation. Ainsi l’épouse, l’amant de celle-ci, le directeur du collège et même l’élève vont, au fil de la pièce, tisser des situations conduisant à une issue dramatique pour le professeur, mais qui vont aussi servir de révélateur à un système dans lequel l’hypocrisie et le mépris de l’autre sont règles communes.
Chaque personnage à un rôle propre qui, même s’il contribue à identifier cette esprit typique, ne se confond jamais avec les autres rôles.
Les comédiens sont particulièrement bons, sachant laisser aux autres leur place pour la meilleure consistance de la pièce, des propos et des messages.
Enfin il faut également rendre hommage à l’habileté de la mise en scène, car les « va-et-vient » sont permanents sans jamais créer de trouble dans la compréhension ni dans l’appréciation de la pièce.
Quelques réserves
Rien de faible car le texte n’est pas une simple idée, mais une œuvre constitutive du théâtre britannique du XXème siècle.
Encore un mot...
Un bel exemple d’ironie et de méchanceté, proféré avec ce que certains appellent "la classe britannique"...
L'auteur
Terence Rattigan est né en 1911 à Londres et mort aux Bermudes en 1977. Rattigan connut rapidement le succès avec ses pièces, à commencer par la comédie L'Écurie Watson (French Without Tears) en 1936, dont l'action se déroule dans une boîte à bac. Après la guerre, Rattigan alterna les comédies et les drames, qui lui permirent de s'établir comme un dramaturge de premier plan. Parmi ses pièces d'alors, on trouve The Winslow Boy (1946), La Version Browning (The Browning Version, 1948), Bonne fête, Esther (The Deep Blue Sea, 1952), ainsi que Tables séparées (Separate Tables, 1954). Ses pièces ultérieures, Lawrence d'Arabie (Ross), Man and Boy, In Praise of Love, et "Cause célèbre" montrent tout autant de talent.
Le Londres des années 1960, avec sa culture Pop, Soho et Carnaby Street ne lui plaisait guère, aussi partit-il s'installer aux Bermudes, où il put mener une vie sans problèmes grâce à ce que lui rapportait l'écriture de scénarios, notamment celle d’Hôtel International (The V.I.P.s) et de La Rolls Royce jaune (The Yellow Rolls-Royce). Pendant un certain temps, Rattigan fut, il est vrai, le scénariste le mieux payé au monde.
Il fut anobli en 1971 et revint alors en Grande-Bretagne, où il put jouir d'un léger regain d'intérêt, qui devait de peu précéder sa mort.
Rattigan est perçu comme l'un des dramaturges anglais les plus sensibles du xxe siècle.
Ajouter un commentaire