Pour découvrir toute la dimension populaire du théâtre de Shakespeare.
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Thème
A force de ressasser le "To be or not to be", on en oublie le thème même de la pièce: à la cour du Danemark, l'oncle d'Hamlet a tué son père puis épousé très rapidement sa mère. Sur les ordres du spectre de son père, Hamlet décide de le venger.
Points forts
- On ne s'ennuie pas, sauf en deux ou trois courts passages.
- En transposant l'action dans un bar de club-house contemporain, Dan Jemmet ne fait pas de la provocation gratuite. Il rend simplement la pièce plus accessible, un peu comme s'il s'adressait à la foule populaire qui assistait aux représentations, debout, du temps de Shakespeare.
- On perçoit bien que, comme souvent chez Shakespeare, il y a dans cette pièce, qui marque l'apogée de son talent, au tournant du 17°siècle, un mélange de presque tous les genres: tragédie, comédie, farce, pièce politique, pièce "philosophique" etc...
- Cette version montre, admirablement, comment Shakespeare, écrivain visionnaire, brassait la pâte humaine dans toute sa complexité, avec imbrication, chez beaucoup, du pire et du meilleur. Shakespeare, ce n'est pas Corneille. Ce pourrait être Racine, la truculence en plus.
Quelques réserves
- Avec l'importance que prend la forme dans cette version de Dan Jemmet, le hic, c'est qu'on perd parfois en route le fond du propos: cette interrogation fondamentale sur ce que nous sommes.
- Et surtout, mais en disant cela je sais que je tiens des propos iconoclastes, il y a, à mon sens, un problème Podalydès.
Que les choses soient claires: Denis Podalydès est un grand acteur. Certes. Mais ici:
- au lieu d'un trouble intérieur, on perçoit surtout une agitation physique désordonnée, presque vibrionnaire.
- Podalydès joue Hamlet comme il a joué Harpagon.
- on n'éprouve pour lui aucune compassion.
- et le monologue "Etre ou ne pas être" tombe complètement à plat.
Encore un mot...
Qui en seront trois:
- Après une Antigone, en emmerdeuse fieffée, voici un Hamlet, en trublion vibrionnaire: il arrive que la Comédie-Française malmène les grands mythes...
- Le plus grand reproche que je ferai à la version de Jemmet, c'est un constat élémentaire, qui parle de lui-même: on a du mal à penser que l'on se trouve en face de l'une des dix plus grandes pièces de l'histoire du théâtre mondial.
- La grande réussite shakespearienne 2013 de la Troupe de la Comédie-Française, dont le niveau exceptionnel de qualité n'est pas en cause, ne restera pas, à mon avis, cet "HAMLET" mais le formidable "TROILUS ET CRESSIDA", proposé au début de l'année pour le retour de la troupe Salle Richelieu
A croire, comme aurait pu le dire Coluche, "qu'on ne peut pas faire d"Hamlet" sans casser des oeufs"...
Commentaires
Tout à fait d'accord avec votre analyse du jeu de Podalydes....
Faire rire (comme je l'ai vu) avec la tirade "Etre ou n'être pas" est un contresens absolu.
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