LA SERVA AMOROSA
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Thème
Ottavio, riche négociant de Vérone, se fait vieux. Béatrice, sa seconde épouse, manigance pour écarter de la succession Florindo, le fils d'Ottavio, au profit du sien, le stupide Lélio. Elle convainc son mari de chasser Florindo de la maison, mais Coraline, leur fidèle servante, dévouée à Florindo, veille au grain.
Loin de la Dorine de Tartuffe ou de la Toinette du Malade imaginaire, Coraline est avant tout une raisonneuse qui a un temps d’avance, notamment sur la place de la femme dans la société. Elle va déployer des trésors de ruse, d’ingéniosité et d’audaces pour rétablir la situation afin que ce dernier reprenne ses droits légitimes.
Points forts
La comédie italienne fait partie des classiques du répertoire théâtral, dont on ressort bien souvent avec la désagréable impression de “rebattu“. Cette Serva amorosa fait exception, car non seulement elle nous surprend, mais elle nous ravit, nous transporte et nous enchante.
L’invention est partout :
dès le début, dans le rideau de scène, une reproduction du Il Ridotto du peintre vénitien Pietro Longhi ;
dans les très beaux décors - astucieusement mobiles et qui animent le plateau en lui conférant un petit côté cinématographique - et dans les magnifiques costumes ;
dans la remarquable mise en scène de Catherine Hiegel, intelligente, élégante et efficace.
Surtout, surtout, il y a le jeu des comédiens, formidables de bout en bout, tous sans exception :
l’excellente Hélène Babu qui joue Béatrice n’a pas son pareil pour se moquer de son mari cacochyme incarné par Jackie Berroyer (chacune de ses répliques, de ses colères et de ses brusqueries est un délice) ;
le dindon de la farce, le fils de Béatrice, est joué par Tom Pézier en jeune premier aux mensurations démesurées qui incarne à merveille l’imbécillité de Lélio ;
enfin et surtout, il y a la prestation extraordinaire d’Isabelle Carré, sublime, tout simplement dans ce grand rôle féministe du répertoire classique, qui campe une « serva » triomphante, probe et machiavélique, belle comme le sont les femmes qui ne cherchent pas à l’être, drôle, tendre et acide.
Comme Marivaux peu avant lui, Goldoni bouscule les codes entre maîtres et serviteurs, plus encore entre hommes et femmes. Et ce spectacle au message clairement féministe et émancipateur semble n’avoir pas pris une ride.
Les innombrables rebondissements nous captivent comme un bon roman qu’on ne saurait lâcher. Du coup, les deux heures et demie que dure le spectacle paraissent s’envoler. Pour un peu, on en redemanderait.
Quelques réserves
- Aucune, on l’a compris…
Encore un mot...
- Un texte ciselé, une mise en scène remarquable, des acteurs “au top“. Je n’aurai qu’un mot : courez-y !
Une phrase
Coraline : “Qu’ils viennent à présent, ces prétendus sages, qui disent du mal des femmes...”
L'auteur
- Carlo Osvaldo Goldoni, né le 25 février 1707 à Venise et mort le 6février 1793 à Paris, est un auteur dramatique vénitien, de langues toscane, vénitienne et française. Créateur de la comédie italienne moderne, il s’est exilé en France en 1762 à la suite de différends esthétiques avec ses confrères.
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