La nuit des Rois
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Thème
Un naufrage, une jeune fille (Viola) qui se travestit, un duc (Orsino) qui se meurt d’amour pour une belle indifférente (Olivia) flanquée d’un majordome velléitaire, entourée d’un oncle farceur accompagné d’un fou…. La notion du travestissement est l’une des trames essentielles de cette ultime comédie de Shakespeare, l’une de ses plus belles pièces d’amour, en tous les cas.
Points forts
1 – Un beau décor blanc, magnifiquement éclairé – et ce n’était pas facile –, du sable, des grands singes, de la musique avec un ténor haut de contre dont la voix féminine confirme l’indifférenciation des sexes et à quel point tous les personnages vont se leurrer dans leurs tentatives amoureuses.
2 – Le metteur en scène adaptateur a fait fort, très fort, dans cette fantaisie débridée et déshabillée qui anime les personnages. La pudeur ne les étouffe pas; on ajoute du texte façon cabaret avec des allusions politiques concernant Jupiter – mais on en faisait de même dans le contexte élisabéthain, comme à Athènes, sous Aristophane. Les personnages jouant les fous s’en donnent à cœur joie et se vautrent sans la moindre retenue dans leur exhibitionnisme. Est-ce bien utile de sortir les sexes de leurs slips, et de les tripoter avec allégresse ? Je ne le crois pas. Heureusement, ces excès voulus par le metteur en scène, s’excluent d’eux-mêmes de la pièce, comme des parenthèses abracadabrantes. En fait, le charme de cette pièce d’amour, opère malgré cela et grâce surtout au quatuor amoureux.
3 – Comédiennes émouvantes, d’une sincérité touchante, le duo des jeunes femmes est en tous points remarquable : Georgia Scalliet, Viola et Adeline D’Hermy ( Olivia) sont d’une très grande finesse dans une émotion subtile et intensément ressentie ; la rouerie d’Anna Cervinka est bien séduisante. Denis Podalydès, quoiqu’un peu âgé, est remarquable, tout comme Sébastien Pouderoux, en Malvolio, malgré son costume final qui dépasse les limites de l’outrance.
Quelques réserves
L’aspect excessif, poussé, qui pourrait se retourner contre eux et parfois choquer. J’avoue que c’est ce qui m’a fait reculer devant le qualificatif d’excellent. Je n’ai rien contre les fesses à l’air, mais trop, c’est trop. Néanmoins, Shakespeare l’emporte, car on entend la pièce...
Encore un mot...
On a l’impression que le mur de Berlin vient de tomber et qu’une folie de liberté sexuelle hante ce spectacle, pourtant plein de charme et de surprises. Mais n’est-ce pas Shakespeare qui triomphe encore, envers et contre tout ? Le bonheur qu’apporte cette pièce, pleine de fantaisie et d’amour, nous entraîne. On peut être agacé et enchanté à la fois, ce qui explique ma note « Excellent »
L'auteur
William Shakespeare (1564-1616) est un géant de la littérature mondiale. Auteur dramatique, homme de troupe, acteur, poète, il a écrit 37 pièces, qui se partagent entre les pièces historiques, les tragédies, les tragicomédies et les comédies dont « La nuit des rois » est l’ultime.
Sa poésie, sa philosophie, son universalisme nous laissent encore comblés et stupéfaits, émerveillés et reconnaissants.
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